À Claude II Belin, le 10 septembre 1636

Note [7]

Le Jubilé est une année de grâce et d’indulgence (année sainte) proclamée par le pape (alors Urbain viii, v. note [19], lettre 34). Dans la religion catholique, l’indulgence raccourcit (indulgence partielle) ou annule (indulgence plénière) le séjour de l’âme au purgatoire (v. note [28], lettre 79). Interprétée comme comptable et ordinairement vénale, cette forme de la rémission des péchés détermina Martin Luther, en 1515 (jubilé de Léon x destiné à recueillir des aumônes pour achever la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome), à entreprendre la Réforme protestante (v. note [64] du Naudæana 1).

Instauré en 1300 par Boniface viii (v. note [40] du Grotiana 2), le jubilé eut d’abord lieu tous les 50 ans, puis ce fut tous les 25 ans (à partir de 1400), mais aussi à l’occasion de certaines commémorations exceptionnelles (avènement d’un nouveau pape, cessation d’une guerre ou d’un fléau). Faire le voyage de Rome (ad limina apostolorum [au seuil des apôtres]) pour le jubilé concédait au pèlerin l’indulgence plénière. En 1650, la 14e année sainte, 700 000 catholiques visitèrent ainsi la ville pontificale.

Le jubilé se pratiquait partout ailleurs dans la chrétienté romaine, où les prêtres attribuaient des indulgences partielles (absolution des cas réservés, commutations de vœux) et même plénières aux fidèles qui s’étaient soumis aux diverses obligations de contrition : aumônes, prières, visite des églises où étaient des stations du jubilé. Pendant la période des indulgences jubilaires, l’attribution de toutes les autres formes d’indulgences était suspendue. Le peuple, les grands seigneurs et la cour participaient avec ferveur (et intérêt) aux dévotions des jubilés. Il est arrivé à Guy Patin d’agacer ingénument Charles Spon, son ami protestant, avec les bénéfices jubilaires dont il ne pouvait jouir.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 10 septembre 1636, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0031&cln=7

(Consulté le 28/03/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.