À Claude II Belin, le 13 janvier 1639

Note [15]

L’île de Candie, qui a aujourd’hui retrouvé son nom antique d’île de Crète (Κρητη, Creta), appartenait à la République de Venise depuis 1204. Candie était aussi le nom de sa capitale (aujourd’hui Héraklion, située sur la côte nord).

Les Turcs convoitaient l’île car elle occupait la position stratégique de « boulevard de la chrétienté », en Méditerranée orientale. L’annonce de Guy Patin était fort anticipée : une formidable armée ottomane, forte de 50 000 hommes portés par plus de 400 navires, n’allait envahir la Crète sans préavis qu’en juin 1645, pour l’occuper presque tout entière en 1648. Ce fut la « guerre de Candie ». Dernier bastion de la résistance vénitienne, la forteresse de Candie fut alors l’objet du plus long siège de l’histoire moderne : elle ne se rendit aux Turcs que le 6 septembre 1669, à la suite de violents assauts qui se succédèrent à partir de mai 1668 sous la direction de Mehmed Pashha Köprülü, grand vizir du sultan Mehmed iv (v. note [12], lettre 184). Soucieuse de préserver ses alliances avec la Porte, mais pressée d’intervenir par Rome, la France ne prit directement part au siège qu’avec le corps expéditionnaire conduit par le duc de Beaufort (v. note [14], lettre 93) et le duc de Navailles (v. note [3], lettre 697). L’intervention fut pitoyable : arrivés à Candie le 6 juin 1669, les 5 000 Français firent une sortie inconsidérée le 25 juin et se firent tailler en pièces par les Turcs ; Beaufort y trouva la mort et Navailles rembarqua les reliques de sa petite armée le 21 août (v. notes [1] et [3], lettre 968). Démoralisés et fort affaiblis par cette déconfiture, les Vénitiens n’eurent plus qu’à se rendre à l’assiégeant.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 13 janvier 1639, note 15.

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(Consulté le 11/12/2024)

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