À Claude II Belin, le 14 mai 1639

Note [5]

Barthélemy Pardoux (Perdulcis en latin ; Bouillac, Vivarais 1545-Paris 1611), docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1572, « était, dit René Moreau (v. ci-dessous), si timide qu’il ne put jamais atteindre à la réputation de ses confrères ; peut-être que le défaut de ces manières qui répandent un médecin dans le grand monde, autant et mieux que ses talents, [le] retint […] dans le cercle obscur des pratiques bourgeoises, des collèges et des couvents ». Le même Moreau rapporte que Bartholomeus Perdulcis, infatigable à l’étude et se plaignant de n’avoir jamais goûté la douceur du repos, avait fait graver en lettres d’or sur une cheminée de sa maison cette anagramme de son nom : Per multos labores duci [Être estimé pour ses multiples labeurs].

Sa gloire fut posthume, avec la publication de la :

Bartholomæi Perdulcis doctoris medici Parisiensis, Universa Medicina, ex Medicorum Principum sententiis consiliisque collecta, a Renato Charterio, Regis Christianissimi, ac Reginæ Magnæ Britanniæ Consil. Medico, Professore Regio, Facultatisque Medicæ Paris. Doctore, emendata, digesta, ac in lucem primum edita. Adiecta est Batholomæi Perdulcis vita, cum Indicibus necessariis.

[La Médecine universelle de Barthélemy Pardoux, docteur en médecine de Paris, rassemblée d’après les opinions et les avis des principaux médecins. Mise en ordre, corrigée et éditée pour la première fois par René Chartier, {a} conseiller médecin du roi très-chrétien et de la reine de Grande-Bretagne, professeur royal et docteur de la Faculté de médecine de Paris. La vie de Barthélemy Pardoux y est ajoutée, avec des index fort utiles]. {b}


  1. V. note [13], lettre 35.

  2. Paris, Mathurin Hénault, 1630, in‑4o, dédié à Charles i Bouvard, premier médecin de Louis xiii (v. note [15], lettre 17).

    L’approbation de la Faculté, datée de Paris, le 1er octobre 1629, est signée Pierre Pijart, Jean Piètre et René Moreau. L’achevé d’imprimer est du 4 décembre 1629.


On trouve au début de l’ouvrage la Vita Bartholomæi Perdulcis, ex libro Renati Moræi, Doctoris Medici Parisiensis, de illustribus Medicis Parisiensibus [Vie de Bathélemy Pardoux, tirée du livre de René Moreau, docteur en médecine de Paris, sur les médecins parisiens illustres (v. note [1], lettre 22)], et deux poèmes latins de Guido Patinus, B.D.M.P. [Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris].

In Universam Medicinam D. B. Perdulcis,
Doctoris Medici Parisiensis
.
Frendeat immitis morborum turba, hominesque
Invida mors sævis terriret usque malis :
Nunc iacet in tuto cunctorum vita, nec ausit
Hanc nisi post longas diripuisse moras :
Usque adeo scriptis Perdulcis profuit Orbi,
Dum tetrum docuit perdomuisse virus
.

[Sur la Médecine universelle de Me B. Pardoux,
docteur en médecine de Paris
.
La meute sauvage des maladies peut bien broyer les hommes, et la mort cupide les effrayer sans relâche de ses cruels méfaits. Maintenant la vie de tous repose en sûreté et la mort n’ose plus la bouleverser qu’après de longs retardements ; c’est que Pardoux a sauvé le monde par ses écrits où il a enseigné la manière de terrasser l’horrible venin].

In eandem iambicum trimetrum.
Protrepticon ad philiatros
.
Abstrusa quotquot Pæonis misteria
Novisse vultis, artis et summum decus,
Perdulcis hoc opus scitum pervoluite,
Musarum in antris quod reliquit posteris
Dictante Phæbo, sortibus mortalium
Lethi ferocis tela quo depelleret ;
Nam quod tuetur integram, ve destruit,
Molemve fabricat stupendam corporis,
Hic noster Author rectius cunctus docet ;
Quod ergo quondam sæva Febris attulit,
Gratæ instar hoc est nunc vicissitudinis
.

[Trimètre iambique sur la même.
Exhortation aux philiatres
. {a}
Vous voulez savoir tous les mystères cachés de Péon {b} et le plus grand ornement de l’art, alors désirez avec ardeur connaître cet ouvrage de Pardoux. C’est ce que Phébus a laissé pour la postérité dans les grottes des Muses, où il aurait ordonné de reléguer les armes de la mort acharnée sur le sort des hommes. De fait, notre auteur enseigne ici de meilleure façon ce qui protège, ou détruit, ou fabrique la masse merveilleuse du corps. Voici donc maintenant l’agréable compensation de ce que la cruelle Fièvre {c} a jadis causé].


  1. En poésie, un iambe (ïambe) est un pied de vers dont la première syllabe est brève et la seconde longue. Les vers iambiques (souvent satiriques) sont entièrement ou principalement composés de iambes.

    Les philiatres sont les étudiants en médecine.

  2. Un des dieux de la médecine.

  3. Febris est la personnification divine de la fièvre.

L’Universa Medicina, que Patin a souvent vantée (avec quelques réserves toutefois) et recommandée comme un ouvrage de saine lecture pour un médecin, et qu’il appelait simplement le Perdulcis, est composée de 14 livres (943 pages sans l’index) :

  1. Physiologia [Physiologie] ;

  2. Pathologia [Pathologie] ;

  3. Semiotice [Sémiologie] ;

  4. Hygieine [Hygiène] ;

  5. Therapeutica universalis [Thérapeutique universelle] ;

  6. Ægrotantium diæta [Diète des malades] ;

  7. Ars Chirurgica Gourmeleni [Art chirurgical de Gourmelen (v. note [42], lettre 104)] ;

  8. Halωsis febrium [Cercle des fièvres] ;

  9. De Peste [La peste] ;

  10. De Morbis Contagiosis [Les Maladies contagieuses] ;

  11. De Venenis [Les Poisons] ;

  12. Particularis Therapeutica [Thérapeutique particulière] ;

  13. Communium morborum Therapeutica [Thérapeutique des maladies communes].

L’autre ouvrage, dont Patin annonçait ici la parution, est le :

Bartholomæi Perdulcis, doctoris medici Parisiensis, De Morbis animi liber, inter quos agitur de mania dæmoniaca, energumenis, ecstasi.

[Livre sur les Maladies de l’âme, de Barthélemy Pardoux, docteur en médecine de Paris, où il est question de la folie démoniaque, des énergumènes, {a} de l’extase]. {b}


  1. Possédés.

  2. Paris, Iohannes Bessin, 1639, in‑4o, dédié à Jean Cousin, docteur en médecine de Paris, par Guillaume Sauvageon (v. note [2], lettre 36) ευχαριστικον [reconnaissant]. L’approbation de la Faculté, datée de Paris, le 1er mai 1639, est signée Simon Bazin, doyen, René Moreau et Guy Patin.

Rare pour l’époque, ce traité de ce qu’on n’appelait pas encore la psychiatrie, est long de 73 pages et divisé en 16 chapitres :

  1. De Symptomatum paraphoricorum sede, natura et differentiis [Siège, nature et différences des symptômes de déraison] ;

  2. De Paraphrosyne [Le Délire] ;

  3. De Phrenitide [La Frénésie] ;

  4. De Melancholia [La Mélancolie] ;

  5. De Mania, sive insania [La Manie, ou insanité] ;

  6. De Lycanthropia [La Lycanthropie (folie consistant à se croire changé en loup, v. notule {d}, note [1] de la consultation 12)] ;

  7. De Mania dæmoniaca [La Manie démoniaque] ;

  8. De vere Possessis, sive energumenis [Les Possédés authentiques ou énergumènes] ;

  9. De Melancholia hypochondriaca [La mélancolie hypocondriaque] ;

  10. De Melancholia hysterica [La Mélancolie hystérique] ;

  11. De Furore uterino [La Passion utérine] ;

  12. De Amore insano [L’Amour insensé] ;

  13. De Ecstasi melancholica [L’Extase mélancolique] ;

  14. De Rabie, seu Hydrophobia [La Rage ou hydrophobie (v. note [1], lettre 460)] ;

  15. De Fatuitate, et Amentia [L’Extravagance et la démence] ;

  16. De Memoriæ detrimento [L’Affaiblissement de la mémoire].

Ces deux ouvrages ont été plus tard réunis :

Bartholomæi Perdulcis…, Universa Medicina, editio secunda, studio et opera G. Sauvageon, doct. med. Collegio medic. Lugdun. aggregati, præter notas in margine, pluribus Therapeutices locis, ex autoris autographo, aucta, et ubique emendata. Cui etiam accessit De morbis animi liber.

[Médecine universelle de Barthélemy Pardoux…, seconde édition, par les soins et le labeur de Guillaume Sauvageon, {a} docteur en médecine agrégé au Collège des médecins de Lyon, corrigée en maints endroits, en sus des notes en marge, et augmenté de plusieurs passages thérapeutiques tirés du manuscrit de l’auteur. Le livre des Maladies de l’esprit y est aussi ajouté].


  1. V. note [2], lettre 36.

  2. Paris, Jean Bessin, 1641, in‑4o pour la première de plusieurs éditions ; dédié par Sauvageon à Charles i Bouvard, avec notamment ces deux vers :

    Galeni immensos miratur Græcia campos,
    Perdulcis minor est, at bene cultus ager
    .

    [La Grèce admire les immenses plaines de Galien ; le champ de Pardoux est plus petit, mais bien cultivé].

    L’approbation de la Faculté, datée de Paris, le 22 juillet 1639, est signée Jacques i Cousinot (ancien), René Moreau (censeur) et Guy Patin (docteur régent).



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 14 mai 1639, note 5.

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(Consulté le 11/12/2024)

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