À Claude II Belin, le 14 mai 1639

Note [8]

Charles de La Porte, duc et maréchal de La Meilleraye (Paris 1602-ibid. 8 février 1664) était petit-fils d’un apothicaire de Parthehay (Poitou), surnommé La Porte, et son père, François de La Porte, d’abord avocat à Paris, était entré dans l’Ordre de Malte et était devenu grand prieur. Certains ont vigoureusement contesté cette filiation des La Porte. Les ennemis de Richelieu, dont la mère, tante de Charles de La Meilleraye, était une La Porte, ont pourtant pris un malin plaisir à faire descendre l’illustrissime Éminence d’un apothicaire.

Quoi qu’il en soit, la parenté du cardinal ministre devait ouvrir à son cousin toutes les voies des honneurs. En 1627, La Porte, qui avait suivi la carrière des armes, avait été mis à la tête d’un régiment et avait pris part au siège de La Rochelle (v. note [27], lettre 183). En 1630, il avait été nommé capitaine des gardes de la reine mère, en récompense de sa belle conduite au Pas de Suse (v. note [11], lettre 18) et à Carignan. Deux ans plus tard, il était devenu lieutenant général de Bretagne et du comté de Nantes. Créé grand maître de l’Artillerie puis maréchal de camp en 1635, il avait assisté à diverses actions sur la frontière allemande, servi en qualité de lieutenant général des armées du roi sous le prince de Condé en 1636, commandé en chef l’armée de Picardie en 1637. Il était alors à la tête de celle d’Artois pour prendre Lillers et Hesdin, et recevoir le bâton de maréchal des mains de Louis xiii à la suite de ce dernier exploit. Après divers succès remportés sur les Espagnols, il passa à l’armée de Champagne en 1640, prit part au siège d’Arras et força Aire à capituler. Ensuite, il fut nommé surintendant des finances (1649-1650), prit le commandement général de l’armée du Poitou et parvint à se rendre maître de Bordeaux. Il fut élevé à la dignité de duc et pair en 1663.

Le duc de La Meilleraye était aussi laid de figure que désagréable de caractère. Il s’était marié en 1630 avec Marie Coiffier-Ruzé d’Effiat, dont il eut un fils, Armand-Charles, qui épousa Hortense Mancini, et devint duc Mazarin et de La Meilleraye. Veuf en 1633 La Meilleraye s’était remarié en 1637 avec Marie Cossé de Brissac, qui était aussi belle que sage : poursuivie par les sollicitations de son cousin, le cardinal de Richelieu, elle lui échappa en s’exilant en Bretagne et ne revint à Paris que lorsqu’elle sut que le galant prélat s’était sérieusement épris d’une autre beauté (G.D.U. xixe s.).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 14 mai 1639, note 8.

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(Consulté le 26/04/2024)

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