À Claude II Belin, le 26 décembre 1640

Note [1]

Les médecins de Troyes faisaient Corps et Collège, suivant les statuts que François ier avait donnés à cette cité en 1539, enregistrés par le Parlement de Paris, sous la juridiction duquel elle était placée. Henri iv les confirma en 1595. Les règles d’agrégation au Collège étaient strictes (Mémoire Coll. méd. Troyes, pages 26‑27) :

« Les facultés de médecine de Paris et de Montpellier étant reconnues pour principales et supérieures dans le royaume, on ne doit point être surpris si les statuts, en admettant les médecins de ces deux facultés, donnent l’exclusion aux autres de qui l’on n’exige que très peu d’épreuves : on les reçoit en un demi-jour, sans lettres de maître ès arts ; on soupçonne même certaines facultés d’envoyer par la poste des lettres de grades à ceux qui ne veulent pas prendre la peine de les aller chercher. À Montpellier, au contraire, on exerce, on instruit les sujets. Ceux qui n’étudient pas assez sont renvoyés pour six mois, pour un an, et plusieurs le sont tous les ans pour toujours. On les exhorte alors à choisir un état plus conforme à leurs talents. Ceux qui sont reçus et veulent s’établir à Troyes sont obligés de produire :

  1. un extrait baptistaire, parce qu’il faut être régnicole, {a} et un certificat de vie et mœurs, et de catholicité, à peine de nullité ;

  2. un certificat de deux ans d’étude en philosophie et la lettre de maître ès arts en conséquence ;

  3. des attestations d’inscriptions et de leçons prises pendant trois ans dans l’Université de Paris ou de Montpellier ;

  4. des lettres de baccalauréat ;

  5. les lettres de trois cours publics ;

  6. celles des quatre examens sur des maladies tirées au sort, et de quatre autres ajoutées depuis peu sur les médicaments ;

  7. les lettres des six triduanes ; {b}
  8. celles pour le point rigoureux ; {c}
  9. celles de licence, enfin celles de doctorat. {d}

Toutes lettres qui sont autant de certificats de 21 actes probatoires, ou examens publics, commencés au son de la cloche, annoncés 24 heures auparavant, et souvent en présence de huit professeurs et d’un grand nombre d’auditeurs instruits des questions qu’on y traite, qui sont deux ou trois cents étudiants ou médecins de toutes les facultés du royaume qui viennent fréquenter celle de Montpellier. On doit ensuite suivre les anciens médecins dans les hôpitaux de Paris ou ailleurs, pendant deux ou trois ans, et voir ordonner longtemps avant que de passer soi-même à la pratique. Un médecin qui se présente avec ces titres est sûr d’être admis à Troyes ; on n’en a jamais reçu qui ne les eût et qui ne se soit soumis aux lois générales du royaume, et particulières à cette ville. »


  1. Natif et habitant du royaume de France.

  2. Examens d’une durée de trois jours chacun.

  3. Dernière des épreuves préparatoires à l’obtention de la licence.

  4. V. note [1], lettre 139, pour ces examens de médecine de l’Univesité de Montpellier.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 26 décembre 1640, note 1.

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(Consulté le 18/04/2024)

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