À Claude II Belin, le 15 mai 1641

Note [7]

« pur charlatan, calomniateur, et le pire sycophante ».

Agyrta, charlatan, est un hellénisme (αγυρτης). Sycophante est le « nom qu’on donnait dans Athènes aux dénonciateurs qui livraient aux passions de la foule les citoyens éminents et surtout ceux dont elle redoutait le plus la raison ou la vertu. Aujourd’hui, fourbe, menteur, fripon, délateur, coquin. En grec, c’était le nom donné aux dénonciateurs des voleurs de figues dans les bois sacrés de l’Attique ou, selon Plutarque, de ceux qui en exportaient, et de là délateur ; du grec figue [sukon] et découvrir [phainein] » (Littré DLF). Bourreau pour Bureau d’adresse est un jeu de mot dont Guy Patin a plusieurs fois voulu divertir ses correspondants.

On ne peut mieux représenter l’animosité de la Faculté de médecine de Paris contre Renaudot qu’en reproduisant les Lettres patentes du roi, en faveur des pauvres, et particulièrement des malades.

« Louis par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre. À tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut. Notre très cher et bien amé Théophraste Renaudot, docteur en médecine, l’un de nos conseillers et médecins ordinaires, maître et intendant général des Bureaux d’adresse de France, s’étant de longue main employé à la recherche des plusieurs inventions et moyens pour l’emploi des pauvres valides et traitement des invalides ; et généralement à tout ce qui est utile et convenable au règlement desdits pauvres, pour lequel nous l’aurions mandé exprès dès le mois d’octobre de l’an 1612, et à icelui permis et accordé par notre brevet dudit jour de mettre en pratique et établir toutes sesdites inventions ; avec défenses à tous autres qu’à ceux qui auront pouvoir exprès de les imiter, altérer ou contrefaire ; même icelui pourvu de la charge de Commissaire général des pauvres de notre royaume, par arrêt de notre Conseil d’État du 3e février 1618 ; ledit Renaudot n’aurait pas seulement vaqué à la perquisition {a} des secrets et choses les plus cachées en l’art de médecine, dont il fait profession depuis trente-cinq ans ; mais encore, depuis l’établissement de sesdits Bureaux d’adresse, reçu en iceux toutes les personnes curieuses qui y font expériences de plusieurs inventions utiles au public ; et particulièrement auxdits pauvres, lesquels y reçoivent gratuitement conseil et assistance en leurs maladies et incommodités par la charité des médecins, chirurgiens et apothicaires qui s’y assemblent à cette fin ; et d’autant qu’une partie des expériences qui s’y font sont des remèdes tirés des plantes, animaux et minéraux, pour la préparation desquels il est obligé de tenir toutes sortes de fourneaux, alambics, matras, {b} récipients et autres vaisseaux et instruments de chimie ou spagirie, pour extraire par les opérations dudit art toutes sortes d’eaux, huiles, sels, magistères, extraits, quintessences, chaux, teintures, régules, précipités, et généralement tous les autres effets dudit art de chimie, lesquels se trouvent fort utiles à la guérison des maladies lorsqu’ils sont méthodiquement administrés selon les préceptes de la médecine ; désirant favoriser cette louable institution et donner sujet à tous ceux qui auront quelque invention utile au public de ne l’en pas vouloir frustrer, mais plutôt lui en faire voir l’expérience ; Nous avons par ces présentes, signées de notre main, permis et accordé, permettons et accordons à tous ceux qui auront quelque invention ou moyen servant au bien et soulagement desdits pauvres tant valides que malades et invalides, mêmement quelque remède tiré des végétaux, animaux et minéraux par le régime du feu ou autrement, le pouvoir faire en la maison dudit Renaudot et en sa présence, et non ailleurs. Et pour cet effet avons permis audit Renaudot de tenir chez lui lesdits fourneaux et y faire toutes sortes d’opérations chimiques servant à la médecine seulement.

Si donnons en mandement, à nos amés et féaux les gens tenant notre Cour des monnaies, que ces présentes ils fassent enregistrer et du contenu en icelles jouir ledit sieur Renaudot, nonobstant toutes oppositions, appellations et empêchements quelconques. Et voulons qu’au vidimus {c} d’icelles, dûment collationnées par l’un de nos amés et féaux conseillers et secrétaires, foi soit ajoutée comme au présent original, car tel est notre bon plaisir. En témoin de quoi nous avons fait mettre notre sceau à cesdites présentes. Donné à Chantilly, le second jour de septembre, l’an de grâce 1640, et de notre règne trente-unième. Signé, Louis ; et plus bas, Par le roi, Philippeaux, et scellé du grand sceau de cire jaune. Registré en ladite Cour des monnaies ; ouï sur ce le procureur général du roi, le 25 septembre 1640. Signé de Laitre. »


  1. Recherche.

  2. Cornues.

  3. À la copie conforme.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 15 mai 1641, note 7.

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(Consulté le 25/04/2024)

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