À Charles Spon, le 24 novembre 1642
Note [7]
Pierre Charron (Paris 1541-ibid. 1603), d’abord avocat, puis prêtre, aumônier de la reine Margot, la première épouse de Henri iv (v. note [4], lettre latine 456), était devenu un orateur religieux de très grand renom. Ami et disciple le plus éminent de Montaigne, Charron s’est singularisé par son scepticisme épicurien qui lui coûta de n’être pas admis à gravir les échelons de la carrière ecclésiastique : il ne dépassa pas celui de « chanoine théologal et chantre dans l’église cathédrale de Condom ».
On peut le comprendre quand on lit son jugement sur les diverses religions (La Sagesse, tome ii, chapitre v, pages 130‑131, édition d’Amaury Duval, Paris, Rapilly, 1827) :
« < leur > particulière réception se fait bien tous les jours par voie, mains et moyens humains. La nation, le pays, le lieu, donnent la religion : l’on est de celle que le lieu et la compagnie où l’on est né tient ; l’on est circoncis, baptisé, juif et chrétien, avant que l’on sache que l’on est homme ; la religion n’est pas de notre choix et élection, l’homme sans son su est fait juif ou chrétien, à cause qu’il est né dedans la juiverie ou chrétienté ; que s’il fût né ailleurs dedans la gentilité {a} ou le mahométisme, il eût été de même, gentil {b} ou mahométan. »
- Le paganisme.
- Païen.
Cette Sagesse de Charron, que Guy Patin citait ici et admirait profondément, est son ouvrage le plus célèbre ; il parut pour la première fois avec le nom de son auteur à Bordeaux (1601, v. note [9], lettre latine 421) ; les autres éditions alors disponibles étaient déjà fort nombreuses.