À Charles Spon, le 14 juillet 1643

Note [14]

Histoire des poissons en deux parties :

Si Pellicier, très versé dans la connaissance de l’histoire naturelle, aida Rondelet à composer son traité, il est sans doute exagéré de lui en attribuer tout le mérite. Voici ce qu’en a écrit Jacques-Auguste i de Thou dans son Histoire universelle (livre xxxviii, Charles ix, 1566, Thou fr, volume 5, pages 124‑125) :

« La mort enleva dans la même année Guillaume Rondelet de Montpellier. Quoique François Rabelais en ait parlé avec mépris dans cet ouvrage qu’il a composé avec une liberté satirique, {a} plus ingénieuse qu’irrépréhensible, on ne peut disconvenir qu’il n’ait été un habile médecin. À la vérité, ses ouvrages ne répondent pas à la grande réputation qu’il s’était acquise, ni à l’opinion qu’on en avait conçue. Un de ses écrits lui a fait plus d’honneur que les autres : c’est le Traité des poissons qu’il a fait imprimer et qui lui aurait mérité plus de louanges si on avait pu l’attribuer à son industrie, et non pas à celle d’un autre ; car on prétend qu’il l’avait tiré des commentaires de Guillaume Pellicier, évêque de Montpellier, homme d’une érudition peu commune ; et que cet ouvrage faisait partie des savantes observations que ce prélat avait faites sur Pline, et qui, pour le malheur de la république des lettres, ont été ou perdues, ou supprimées. »


  1. Caricature de Rondelet sous le nom de Rondibilis dans le Tiers Livre (v. note [66] des Préceptes particuliers d’un médecin à son fils).

Jean ii Riolan (Curieuses recherches sur les écoles en médecine de Paris et de Montpellier…, pages 216‑217 ; v. note [13], lettre 177) :

« Monsieur de Thou, au même endroit de sa belle Histoire, se plaint des gausseries qu’a faites ce dangereux bouffon, François Rabelais, de son maître Rondelet qu’il appelle, dans son Pantagruélisme, Rondibilis : blasphème qui est directement contre le serment d’Hippocrate, {a} qui commande de porter honneur à ses maîtres vivants et à leur mémoire, d’aimer < leurs > enfants comme ses propres frères. Néanmoins, ce bouffon est mis par le sieur Ranchin entre les médecins illustres de l’École de Montpellier. »


  1. Serment que ne prêtaient pas alors les médecins français, v. note [8], lettre 659.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 14 juillet 1643, note 14.

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(Consulté le 29/03/2024)

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