À Claude II Belin, le 12 août 1643

Note [3]

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, pages 92‑95) :

« Le samedi 8 août, au Conseil, […] M. le Prince montrait une grande inquiétude et mauvaise humeur, qui venait, comme je crois, de l’état de Thionville que les ennemis venaient secourir avec de grandes forces, et il semblait que toutes les forces des couronnes se rencontraient là : l’armée de Bavière venait et M. de Guébriant la côtoyait, Beck venait d’un autre côté et M. d’Angoulême s’avançait de l’autre ; et il semble que cette place doive être la décision de la guerre. Le duc d’Enghien avait ses trois meilleurs chefs hors d’état de servir : le marquis de Gesvres, tué sur son bastion, s’étant avancé pour voir l’effet d’une mine et avant qu’un fourneau eût joué, qui l’accabla sous ses ruines avec soixante hommes qu’il menait pour faire le logement ; Gassion blessé grièvement à la tête ; d’Espenan blessé aussi à la tête, mais plus légèrement ; et lui tous les jours en péril et de sa personne, et de son honneur encore plus, parce qu’il avait entrepris ce siège contre l’ordre de la cour. Tout le monde avait un sensible déplaisir de la mort de M. de Gesvres et de la blessure de Gassion, tous deux très vaillants et très capables, et qui avaient toujours très bien servi, et jeunes tous deux. La reine n’était pas consolable sur ce sujet, ayant perdu deux de ses bons serviteurs. On me dit que l’on envoie à Thionville le colonel Rantzau et le marquis de La Force. Les événements de la guerre sont étranges ; il n’y a que deux jours que l’on était en joie et en espérance, et aujourd’hui dans la douleur et l’incertitude. […]

Le mardi matin 11 août, M. Pichotel me vint dire que la capitulation de Thionville était faite si, le lundi au soir, ils n’étaient secourus. {a} Je reconnus en ce rencontre. {b} que l’on juge suivant les événements. {c} Lorsqu’on appréhendait l’issue de ce siège, l’on blâmait M. d’Enghien de l’avoir entrepris ; l’on disait qu’il devait conserver son avantage de la bataille de Rocroi. Maintenant qu’il a bien réussi, l’on approuve son dessein comme marque d’un grand courage et d’une grande prudence. »


  1. Les assiégés n’étaient secourus par les Impériaux.

  2. Circonstances.

  3. Résultats.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 août 1643, note 3.

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(Consulté le 25/04/2024)

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