À Claude II Belin, le 12 août 1643

Note [8]

Concino ou Cosma Giambattista Concini (Florence 1569 ou 1575-Paris 1617), marquis et maréchal d’Ancre (titres dont Guy Patin s’est toujours servi pour le nommer), fils d’un notaire, s’était ruiné par ses débauches quand il parvint à se faire recevoir comme gentilhomme dans la Maison de Marie de Médicis. Il la suivit en France, et épousa sa femme de chambre et favorite, Leonora Dori, dite Galigaï (v. note [124], lettre 166). Après la mort de Henri iv, le crédit des deux époux, déjà considérable, s’accrut jusqu’au scandale le plus monstrueux.

Concini reçut en 1610 le marquisat d’Ancre (aujourd’hui Albert, dans le département de la Somme, sur la rivière d’Ancre), devint premier gentilhomme de la chambre, gouverneur de Péronne, de Roye, de Montdidier, de Normandie, maréchal de France sans avoir jamais tiré l’épée, et enfin ministre dans un pays dont il ne connaissait, pour ainsi dire, ni la langue, ni les lois. Une fortune si prodigieuse enfla démesurément le cœur du parvenu italien, qui se fit détester de la noblesse et des princes par son insolence et son ambition, du peuple par ses exactions et son despotisme, du jeune roi Louis xiii par tous ces motifs en même temps que par l’avilissante tutelle qu’il prétendait faire peser sur lui.

Trop faible pour briser le favori de sa mère, pour résister au ministre antifrançais qui s’alliait à la Maison d’Autriche au mépris de la politique de Henri iv, Louis xiii, poussé par les conseils de son favori de Luynes, se jeta dans les partis violents. Sur son commandement, Vitry, capitaine des gardes, dressa une embuscade et fit massacrer Concini au moment où il allait entrer au Louvre le 24 avril 1617. Le cadavre de ce malheureux fut déterré et traîné par les rues, coupé en morceaux et brûlé devant la statue de Henri iv (on l’accusait avec plus ou moins de vraisemblance d’avoir trempé dans le meurtre de ce roi). On prétend même qu’un furieux fit rôtir son cœur sur des charbons et le mangea publiquement. Galigaï fut condamnée à mort par le Parlement et exécutée le 8 juillet suivant (G.D.U. xixe s.).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 août 1643, note 8.

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(Consulté le 28/03/2024)

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