À Charles Spon, le 18 janvier 1644

Note [20]

« Pieds spongieux, c’est-à-dire tuméfiés : symptôme très fréquent dans l’hydropisie du poumon. Plaute a appelé tuméfiés les pieds spongieux ; de même Pline a dit qu’on dénomme spongieux certains fruits, c’est-à-dire qu’ils enflent de manière déraisonnable. Voyez Joseph-Juste Scaliger, page 44 [pour 144] des lettres, dans l’édition de Leyde [1627]. »

Toujours dans le 3e article de sa thèse (Estne totus homo a natura morbus ? vUne thèse de Guy Patin : « L’homme n’est que maladie »), Patin écrivait :

e tot affectibus qui thoracis ambitu continentur, cave ab hæmoptysis et inflammatione pulmonis ; nec minus lethales sunt hydrops thoracicus (quem pulmonei pedes demonstrant, quémque hydragogωn usu tollere qui nitur, tortorem agit non medicum) angina vera, pleuroperipneumonia, empyema, nisi statim fiat sectio.

[Parmi toutes les maladies qui siègent dans la cavité du thorax, prenez garde à l’hémoptysie et à l’inflammation (v. note [6], lettre latine 412) du poumon ; et l’hydropisie thoracique (qui se révèle pas les pieds tuméfiés, et où celui qui s’appuie sur l’emploi des hydragogues < diurétiques > pour la résoudre agit en bourreau et non pas en médecin), l’angine véritable, la pleuropéripneumonie, l’empyème ne sont pas moins mortels si on ne saigne pas immédiatement].

Bien qu’obscurcie par une mauvaise indication de page (44 pour 144), la référence que donnait Patin renvoie à la lettre xxxiv (Ép. lat. livre i, pages 143‑144) de Joseph Scaliger à Pierre i Pithou, datée du château de Chantemille en Limousin [Castromilani in Marca Lemovicensi], datée d’un 6 mai, sans indication d’année. Scaliger travaillait à la révision de son premier livre, Coniectanea in M. Terentium Varronem de Lingua latina [Conjectures sur le La Langue latine de Varron] (1565) :

Porro in iambo illo, Iacere me, quod alta non possim, etc. ubi admonui apud Plautum pulmoneos pedes pro panticosis posse sumi, addes: “ Vel Plautus pulmoneos pedes dixit, tumidos : sicuti Plinius pulmonea quædam poma vocata ait, id est, ut ipse interpretatur, stolide tumentia. ”

[Plus loin, dans ce ïambe, Iacere me quod alta non possim putas, etc., {a} là où j’ai rappelé que chez Plaute on peut prendre pulmoneos pedes {b} pour panticosis, {c} vous ajouterez : « Plaute a appelé tumidos pulmoneos pedes ; {d} de même Pline a dit qu’on dénomme pulmonea quædam poma, {e} c’est-à-dire, comme lui-même l’explique, qu’elles enflent de manière déraisonnable. »]


  1. Iacere me quod alta non possim putas,/ ut ante, vectari freta [Je suis à bas, penses-tu, parce que je ne puis plus courir les mers comme jadis] (Épigrammes attribuées à Virgile, xiii, vers 1‑2).

    V. notule {a}, note [5], lettre 47, pour ce qu’est un iambe.

  2. « les pieds spongieux ».

  3. Mot latin impur, probablement dérivé de pantices, la panse (pour dire pansu, ventru, ventripotent ?). Je n’ai pas trouvé panticosis dans Plaute.

  4. « tuméfiés, les pieds spongieux ».

  5. « spongieuses, certaines pommes ». Scaliger renvoyait à Pline (Histoire naturelle, livre xv, chapitre xv, § 52), à propos des diverses sortes de pommes, Stolide tument pulmonea [les pulmonées sont d’une grosseur déraisonnable] (Littré Pli, volume 1, page 552).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 janvier 1644, note 20.

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(Consulté le 24/04/2024)

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