À Charles Spon, le 18 janvier 1644

Note [48]

« J’ai depuis longtemps les Lettres des hommes obscurs, dont l’auteur est Jean Reuchlin, dit Capnion ».

Johann Reuchlin (Pforzheim, Bade-Wurtemberg 1455-Stuttgart 1522), humaniste allemand ami des plus grands savants de son temps, se faisait appeler Capnion (de καπνιος, fuligineux) en grécisant son nom (Rauch, fumée en allemand).

Reparaissaient alors ses Epistolæ obscurorum Virorum ad Dn. M. Orthuinum Gratium. Nova et accurata Editio [Lettres d’hommes obscurs à M. Orthuinus Gratius. Édition nouvelle et soignée] (Francfort, sans nom, 1643, in‑12). V. notule {e}, note [6] du Patiniana I‑2 pour Orthuinus Gratius Daventriensis (Ortwijn van Graes de Deventer), qui est qualifié, en tête de la première lettre, de Poeta, Orator, et Philosophus, nec non Theologus, et plus si vellet [poète, orateur et philosophe, ainsi que théologien, et plus encore s’il voulait] ; il s’agissait d’un des plus virulents ennemis de Reuchlin et des humanistes.

Les premières éditions, aujourd’hui rarissimes, ont apparemment vu le jour à Haguenau en 1515-1519, avec ce sous-titre explicite : nil præter lusum continentium et jocum in arrogantes sciolos, plerumque famæ bonorum virorum obtrectatores et sanioris doctrinæ contaminatores [elles ne contiennent rien d’autre que badinage et plaisanterie contre d’arrogants demi-savants, qui souvent dénigrent la bonne réputation d’honnêtes gens et contaminent la très saine doctrine]. Il les avait primitivement écrites en écho à ses Clarorum Virorum Epistolæ Latinæ, Græcæ et Hebraicæ variis temporibus missæ ad Ioannem Reuchlin… [Lettres en latin, en grec et en hébreu que des hommes illustres ont écrites en divers temps à Johann Reuchlin…] (Tübingen, Thomas Anshelmus, 1514, in‑4o).

V. notes [5] et [6] du Naudæana 3 pour le contexte tourmenté dans lequel ces lettres factices ont été rédigées : Reuchlin y visait les moines (dominicains) qui le traduisaient devant l’Inquisition de Mayence pour avoir été l’initiateur des études hébraïques en Allemagne, ce qui l’avait mené à une étude approfondie de la Cabale (v. note [27] du Borboniana 1 manuscrit), et à en devenir adepte et fervent promoteur (Alexandrian, pages 111‑112).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 janvier 1644, note 48.

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(Consulté le 20/04/2024)

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