À Charles Spon, le 18 janvier 1644

Note [49]

« il y a bien 60 ans ».

L’exemplaire des Epistolæ obscurorum virorum… que possédait Guy Patin était l’une des rééditions du xvie s. ; outre la princeps, preque introuvable aujourd’hui, de 1515-1519, les catalogues recensent celles de Francfort en 1543 et 1599.

Le viiie colloque d’Érasme s’intitule l’Apothéose de Capnion (traduit par Develay, tome 1, pages 145‑155) : Brassican, désolé, annonce à Pompilius, Egregius ille trilinguis eruditionis phœnix, Ioannes Reuchlinus, vita defunctus est [Ce grand savant dans les trois langues, ce phénix d’érudition, Jean Reuchlin, est décédé], puis il lui raconte le rêve d’un franciscain qui a vu Reuchlin entrer au paradis aux côtés de saint Jérôme ; Brassican achève son récit sur ces paroles :

Quod olim fecit Satanas per Scribas et Pharisæos in Dominum Iesum, hoc et ninc facit per Pharisaicos quosdam in optimos quosque viros, ac de genere mortalium suis vigiliis bene merentes. Nunc ille metit optimam messem pro semente, quam fecit. Interim nostræ partes erunt, illius memoriam habere sacrosanctam ; illius nomen ferre maudibus : ac subinde dalutare verbis huiusmodi : O sancta anima, sis felix linguis, sis felix lingarum cultoribus, faveto linguis sanctis, perdito malas linguas, infectas veneno gehennæ.

[Ce que Satan fit autrefois par les scribes et les pharisiens {a} contre le Seigneur Jésus, il le fait encore aujourd’hui à l’aide de nouveaux pharisiens contre des hommes infiniment respectables qui par leurs veilles ont bien mérité du genre humain. Maintenant Reuchlin récolte amplement ce qu’il a semé. C’est à nous qu’il appartient de sanctifier sa mémoire, de célébrer ses louanges et de l’invoquer de temps en temps par ces paroles : Ô âme sainte, soyez propice aux langues, soyez propice à ceux qui les cultivent ; protégez les langues pures, confondez les mauvaises langues qu’infecte le poison de l’enfer].


  1. V. note [14], lettre 83.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 janvier 1644, note 49.

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(Consulté le 16/04/2024)

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