À Charles Spon, le 8 novembre 1644

Note [10]

Philippe de La Mothe-Houdancourt (1605-1657) était entré dans le métier des armes à 17 ans. Blessé à l’affaire de Castelnaudary en 1632, il avait alors été nommé gouverneur de Bellegarde (Seurre, v. note [7], lettre 221), puis mestre de camp en 1633. La Mothe avait ensuite assisté aux sièges de Nancy et de Louvain (1635), été promu maréchal de camp en 1637, donné de nouvelles preuves de sa valeur dans l’armée de Bourgogne, dans celle d’Allemagne, battu un corps ennemi à Poligny, puis passé à l’armée de Piémont (1639) dont il eut le commandement provisoire à la mort du cardinal de La Valette. Lorsque cette armée avait dû battre en retraite, La Mothe-Houdancourt l’empêcha d’être écrasée en soutenant de pied ferme le choc de l’ennemi à l’arrière-garde. La valeur dont il avait également fait preuve à la bataille de Casal (1640) et au siège de Turin lui valut le grade de lieutenant général en 1641. Chargé la même année du commandement de l’armée de Catalogne, il avait battu plusieurs fois les Espagnols, pour être nommé successivement maréchal de France (2 avril 1642), vice-roi de Catalogne (25 juin) et duc de Cardone. Battu lui-même devant Lérida (15 mai l644, v. note [10], lettre 107) puis devant Tarragone (9 août, v. note [5], lettre 111), il avait perdu sa vice-royauté. « Il fut calomnié, les intrigues de la cour s’en mêlèrent ; c’était un homme qui n’avait d’appui que ses actions et son mérite » (Saint-Simon, Mémoires, tome iii, page 329).

Arrêté le 28 décembre 1644, il allait être détenu pendant quatre ans dans la prison de Pierre-Ancise à Lyon (v. note [52], lettre 156) ; Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, pages 240‑241, 1er janvier 1645) :

« Le soir, mon père me dit que le maréchal de La Mothe-Houdancourt, arrêté prisonnier à Lyon, entre la porte et la herse, avait été conduit en Saint-Pierre-Ancise ; que l’on avait trouvé quatre cent mille écus d’argent comptant dans son bagage et quantité de pierreries ; et qu’on l’accusait d’avoir laissé perdre Lérida, faute de s’être voulu obliger pour le roi de cent mille francs. L’on arrêta, au même temps, son correspondant à Paris, et fut mis à la Bastille. »

En 1648, La Mothe fut traduit devant le parlement de Grenoble qui l’acquitta ; libéré en septembre, il se retira dans ses terres. Bien que très hostile à Mazarin et au parti de la cour, il prit une très faible part aux troubles de la Fronde. En 1651, il obtint de retourner en Catalogne comme vice-roi et commandant en chef de l’armée. Étant parvenu à se jeter dans Barcelone, il défendit de la plus brillante façon cette place, que la famine seule força à se rendre après cinq mois de siège (avril-octobre 1652). Il se démit de sa vice-royauté au début de 1653 et revint attendre la mort en France (G.D.U. xixe s.).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 8 novembre 1644, note 10.

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(Consulté le 25/04/2024)

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