À Charles Spon, le 7 février 1648

Note [48]

Les aisés étaient les riches : « cet homme est fort aisé, il a bien du bien, on l’a taxé aux aisés » (Furetière). Sortes d’impôts sur la fortune destinés à « faire payer les riches », les taxes des aisés ont été nombreuses sous les ministères de Richelieu puis de Mazarin. Celle qu’on supprimait en 1648 avait été créée en 1645 : souffrant de multiples exemptions (noblesse, membres du Parlement, bourgeois de Paris, etc.), cet impôt inégalitaire avait engendré plus de mécontentement que de revenus.

Gazette, ordinaire no 11, de Paris, le 18 janvier 1648 (page 96) :

« Le 15 de ce mois, le roi, ayant été le dimanche auparavant en l’église Notre-Dame, monta en son Parlement, où furent vérifiés quelques édits. »

Les détails de la cérémonie se trouvent dans l’extraordinaire no 12, daté du 20 janvier 1648 (pages 102‑108), L’entrée et séance du roi en son Parlement le 15e janvier 1648, pour la vérification de quelques édits, dont voici l’essentiel :

« Chacun ayant pris sa séance, {a} le roi dit qu’il venait en son Parlement y tenir son lit de justice et que son chancelier leur déclarerait ses intentions. Alors, le chancelier de France ayant fait une profonde révérence à Leurs Majestés et pris le commandement {b} pour parler, se rassit en sa chaise et fit entendre les volontés du roi par un grave et judicieux discours d’environ demie heure, dans lequel il représenta les motifs qui avaient donné sujet à Leurs Majestés de venir en ce Parlement. En suite de quoi, le premier président et les autres présidents firent une profonde révérence à Leurs Majestés, et le premier président fit une harangue digne de cette haute charge ; et ayant repris leurs places, le chancelier dit tout haut qu’on ouvrît les portes à tous et que les édits fussent lus. […]

Déclaration du roi par laquelle Sa Majesté révoque les taxes faites sur les aisés, tant de la ville de Paris que des autres du royaume, sans que ci-après il puisse être fait aucune autre taxe de cette nature, comme contraire au commerce et au crédit. Après leur lecture, le sieur Talon, avocat général, ayant pris la parole et conclu, le chancelier de France recueillit les opinions, prit derechef le commandement du roi pour parler, et prononça la vérification et exécution de ces édits, ce qui mit fin à cette action. Ensuite de laquelle, Leurs Majestés se retirèrent sur le midi dans le Palais-cardinal. »


  1. Son siège.

  2. L’ordre.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 7 février 1648, note 48.

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(Consulté le 29/03/2024)

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