À Charles Spon, le 10 mars 1648

Note [20]

« Le thé de Chine agit donc favorablement sur l’esprit » : thèse cardinale d’Armand-Jean de Mauvillain (v. note [16], lettre 336), présidée par Philibert Morisset (v. note [31], lettre 152), que Guy Patin le qualifiait quelques lignes plus bas de « badin et ignorant ».

Disputée le jeudi 12 mars 1648 (Medica), avec cette instructive conclusion :

Apage Homericum Moly, Turcarum Cauehat, Moscovitarum Medonem, Druidarum Viscum quernum, œnopiam radicem, Vinum etiam ipsum, quorum omnium vires longe superat Chinensium istud nectar, quod superfluam partium humiditatem exhaurit, corpori ευκρασιαν, cerebro robur, animoque ευθυμιαν conciliat.

Ergo The Chinensium Menti confert.

[Oubliez donc le moly d’Homère, le café des Turcs, {a} le gui de chêne des druides, {b} la racine d’Égine {c} et même notre vin, car les vertus de ce nectar des Chinois les surpasse tous de très haut : il évacue l’humidité superflue des parties, et procure un bon tempérament au corps, la force au cerveau et la bonne humeur à l’âme.

Le thé de Chine agit donc favorablement sur l’esprit].


  1. V. notes [31] de la thèse sur la Sobriété (1647) pour le moly dont Homère a chanté les vertus dans L’Odyssée, et [3], notule {h}, de la leçon sur le laudanum et l’opium, pour une brève allusion au café (cahwa) des Turcs par Daniel Sennert.

  2. Furetière dit des druides (v. notule {c}, note [14] des triades du Borboniana manuscrit) que « Pline croit que ce nom leur est venu de drys, qui signifie un chêne, parce que leur principale superstition était d’aller couper le gui de chêne avec grande cérémonie, dont ils faisaient ensuite un remède à tous maux », panacée aujourd’hui popularisée sous le nom de « potion magique » du druide Panoramix, créé par René Goscinny et Albert Uderzo.

  3. La botanique mythologique rapproche l’œnopia radix (œnopie, v. notule {b}, note [4] du Traité de la Conservation de santé, chapitre iii) du népenthès : « On ne connaît point cette plante. Homère, qui en parle, dit que c’était une plante d’Égypte et qu’Hélène s’en servit pour charmer la tristesse [penthos en grec] et la mélancolie de ses hôtes, et pour leur faire oublier leurs chagrins. […] Madame Dacier, après Plutarque, Athénée, Macrobe, Philostrate, dit que cette drogue n’est autre chose que les contes agréables, car il n’y a rien de plus capable de faire oublier aux plus affligés le cours de leurs larmes qu’un conte fait à propos, bien inventé, et accommodé aux temps, aux lieux et aux personnes » (Trévoux).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 mars 1648, note 20.

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(Consulté le 19/04/2024)

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