À Charles Spon, le 24 mars 1648
Note [3]
L’ordure est ici l’humeur corrompue qu’était censé produire le lait en coagulant dans l’estomac.
Le lait d’ânesse était jadis un aliment fort prisé pour les malades car il est celui dont la composition se rapproche le plus du lait de femme. « Le lait d’ânesse est plus séreux que pas un, d’où il est le meilleur à rafraîchir et humecter » (Guy Patin, chapitre ii du Traité de la Conservation de santé). On commençait presque toujours l’usage thérapeutique du lait, particulièrement dans la phtisie (tuberculose) pulmonaire, par celui d’ânesse, et ce n’était que par degrés qu’on conduisait le malade aux autres espèces, plus riches en matières grasses et caséeuses (Guersent, in Panckoucke, 1818). « François ier manda un jour certain médecin juif de Constantinople auquel on devrait l’introduction en France de l’usage du lait d’ânesse » (P. Delaunay).
Vigneul-Marville en a parlé en deux endroits de ses Mélanges.
« Poppée, femme de Néron, avait toujours à sa suite quatre à cinq cents ânesses, pour se baigner dans leur lait. Je n’ai point lu dans aucun auteur que le bain de lait d’ânesses servît à la santé, mais j’ai appris de M. Patin que plusieurs personnes de sa connaissance, qui réglément tous les ans avaient pris du lait d’ânesse pendant six semaines ou deux mois, avaient vécu plus de 80 ans. C’est là acheter une longue vie à bon marché. »
« Le lait d’ânesse est excellent pour la santé, pourvu qu’il soit tité d’une ânesse jeune, saine et bien nourrie. Lac Asinarum tenuissimum. Optimum vero erit, si Asina sana sit, bene nutrita, iuvenis, nec longe a partu. {a} Galien le faisait prendre avec du miel pour la phtisie. Pline prétend que le bain de lait servit à rendre la peau plus blanche. Conferre aliquid et candori in mulierum cute existimatur. Poppæa Domitii Neronis conjux, quingentas secum per omnia trahens fœtas, balnearum etiam solio totum corpus illo lacte macerabat, extendi quoque cutem credens, {b} dit Jonston » {c}