À Charles Spon, le 20 mars 1649

Note [5]

Armand de Bourbon, prince de Conti (Paris 1629-la Grange-aux-Près près de Pézenas 21 février 1666) était le troisième et dernier enfant de Henri ii de Bourbon, troisième prince de Condé, et de Charlotte de Montmorency ; ses deux aînés étaient Anne-Geneviève, duchesse de Longueville, et Louis, le Grand Condé. V. note [64] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii pour le précédent prince de Conti, François de Bourbon, grand-oncle d’Armand, mort sans descendance légitime en 1614.

Filleul du cardinal de Richelieu, Conti avait été destiné de bonne heure à l’Église, et reçu plusieurs abbayes et d’autres bénéfices ; mais la gloire militaire de son frère et l’influence de sa sœur avaient triomphé de sa vocation religieuse et le plongeaient dans les intrigues de la Fronde.

Marié en 1654 avec Anne-Marie Martinozzi (v. note [4], lettre 326), nièce de Mazarin, il a fondé la deuxième Maison princière de Conti, la première s’étant éteinte en 1614 à la mort de François de Conti, frère puîné de Henri ier, deuxième prince de Condé (v. note [18] du Borboniana 4 manuscrit).

Dans sa galerie de portraits de la Fronde, Retz (Mémoires, page 405) n’a pas épargné le prince de Conti :

« Je ne crois pas vous le pouvoir mieux dépeindre qu’en vous disant que ce chef de parti était un zéro qui ne multipliait que parce qu’il était prince du sang. Voilà pour le public. Pour ce qui était du particulier, la méchanceté faisait en lui ce que la faiblesse faisait en M. le duc d’Orléans. Elle inondait toutes les autres qualités, qui n’étaient d’ailleurs que médiocres et toutes semées de faiblesses. »

Le prince de Conti était gradué en théologie (Olivier Le Fèvre d’Ormesson, Journal, tome i, pages 351‑352, juillet 1646) :

« Le mardi 10 juillet, je fus en Sorbonne à la tentative de M. le prince de Conti. Il était sur un haut dais élevé de trois pieds à l’opposite de la chaire du président, sous un dais de velours rouge, dans une chaire à bras avec un retable ; il avait la soutane de tabis violet, le rochet et le camail comme un évêque. Il fit merveille avec grande vivacité d’esprit. Ce que l’on y pouvait trouver à redire, c’est qu’il insultait à ceux qui disputaient contre lui, comme soutenant la doctrine des jésuites, en Sorbonne, avec ostentation. Il y avait quantité de jésuites en bas, auprès de lui. M. le coadjuteur présidait, qui disputa fort bien et avec grande déférence. Tous les évêques < qui > s’y trouvèrent […] disputèrent découverts ; mais les bacheliers qui disputèrent étaient nue tête. Pour lui, il fut toujours couvert. M. le Prince était vis-à-vis du président, adossé contre le haut dais de son fils. […] La principale dispute fut touchant la grâce. M. le cardinal Mazarin n’y vint point. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 5.

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(Consulté le 28/03/2024)

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