À André Falconet, le 20 juillet 1649

Note [9]

« Qu’il fasse l’un ou l’autre, il aura à s’en repentir ».

Hugues de Lionne (Grenoble 1611-Paris 1er septembre 1671), marquis de Fresnes et de Berny, était le fils d’Artus de Lionne (v. note [5], lettre 351) et par sa mère, le neveu du contrôleur général des finances Abel de Servien qui le prit pour commis dès qu’il eut atteint l’âge de 18 ans. Mazarin s’était associé Hugues de Lionne lors des interminables négociations de la paix de Münster et l’avait nommé conseiller d’État (1643). Il était depuis 1646 secrétaire des commandements de la régente. Les pourparlers qu’il entamait alors avec l’Espagne menèrent, après dix ans d’efforts soutenus, à la conclusion de la paix des Pyrénées (1659). Nommé ministre d’État, Lionne prit en 1661 la succession de Mazarin aux affaires étrangères et contribua pendant dix années à toutes les négociations diplomatiques qui assurèrent à la France le statut de première puissance d’Europe.

Lionne était d’un caractère naturellement indolent et s’adonnait avec passion aux plaisirs. Grand joueur, grand dissipateur, fort désintéressé, il ne se refusait rien, même aux dépens de sa santé. Très paresseux d’ordinaire, il était infatigable, dit l’abbé de Choisy (Mémoires, livre ii, pages 89‑90), et passait à travailler les jours et les nuits quand la nécessité y était, n’attendant aucun secours de ses commis, tirant tout de lui-même, écrivant de sa main ou dictant toutes les dépêches, donnant peu d’heures de la journée aux affaires de l’État et croyant regagner par sa vivacité le temps que ses passions lui faisaient perdre. La scandaleuse conduite de sa femme et de sa fille, la marquise de Cœuvres, fut pour lui une cause de chagrin profond qui empoisonna les dernières années de sa vie (G.D.U. xixe s.).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 20 juillet 1649, note 9.

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(Consulté le 16/04/2024)

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