À André Falconet, le 6 août 1649

Note [11]

« La Nature couvre beaucoup de choses d’un voile sacré. »

Giovanni Aurélio Augurello, Ioannes Aurelius Augurellus (Rimini vers 1450-Trévise vers 1530) avait étudié les belles-lettres à Padoue, discipline qu’il enseigna plus tard à Trévise avant d’y devenir chanoine. Réputé pour son talent à versifier en latin, Augurello s’adonna avec passion à l’alchimie. Son plus fameux ouvrage, Chrysopœiæ libri iii et Geronticon liber primus [Trois livres de la Chrysopée et premier livre des Gérontiques] (Venise, Simon Luerens, 1515, in‑4o pour la première de nombreuses éditions), a été traduit en français :

Les trois livres de la Chrysopée, c’est-à-dire de l’art de faire l’or, contenant plusieurs raisons et choses naturelles, composé par Jean Aurelle Augurel, poète, traduit de latin en français par F. Habert de Berry, revu et corrigé de nouveau. {a}


  1. Paris, Charles Hulpeau, 1626, in‑8o de 130 pages ; première édition en 1549.

Augurello avait dédié ce livre au pape Léon x qui, dit-on, lui offrit une bourse vide pour le remercier en lui disant que c’était pour y mettre ce qu’il savait faire. Le début du poème cité par Guy Patin se trouve vers le milieu du livre ii (avec la traduction de Habert de Berry, page 78) :

Multa tetigit sacro involucro Natura, neque ullis
Fas est scire quidem mortalibus omnia, multa
Admirare modo, necnon venerare, neque illa
Inquires, quæ sunt arcanis proxima, namque
In manibus quæ sunt hæc nos vix scire putandum,
Est procul a nobis adeo præsentia veri
.

« Nature, cache et tient beaucoup de choses
En ses secrets divinement encloses,
Et n’est besoin à l’homme de savoir
Tout, et de tout la connaissance avoir,
Mais seulement il faut qu’on s’émerveille
De plusieurs cas que Nature appareille,
Et en faisant telle admiration
Les révérer en leur perfection. »

V. note [9], lettre latine 221, pour une traduction plus littérale.

Plusieurs auteurs, ce qui n’est pas un mince hommage, ont attribué ces vers au bien plus célèbre épicurien Lucrèce (v. note [131], lettre 166), auteur du De Natura rerum [La Nature des choses].

« La Chrysopée, dit Jourdan (in Panckoucke), est un ouvrage partout obscur et souvent inintelligible. On y chercherait d’ailleurs en vain quelque idée qui ne se trouvât pas dans les livres des autres alchimistes. C’est dans l’or lui-même, dit Augurello, qu’il faut chercher la pierre philosophale. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 6 août 1649, note 11.

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(Consulté le 20/04/2024)

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