À Charles Spon, le 20 août 1649

Note [5]

Guy Patin médisait, car le cardinal ne fut pas du tout mal accueilli.

Mme de Motteville (Mémoires, page 289, 18 août 1649) :

« Ce fut donc un véritable prodige que l’entrée du roi en ce jour et une grande victoire pour le ministre. Jamais la foule ne fut si grande à suivre le carrosse du roi et il semblait, par cette allégresse publique, que le passé fût un songe. Le Mazarin, si haï, était à la portière avec M. le Prince, qui fut regardé attentivement de tous ceux qui suivaient le roi. Ils se disaient les uns aux autres, comme s’ils ne l’eussent jamais vu : Voilà le Mazarin. […] Quand le roi et la reine arrivèrent, la foule sépara du carrosse du roi les gendarmes, les chevau-légers et toute la suite royale. Les peuples, qui les arrêtaient par la presse qui se rencontre dans les rues, bénissaient le roi et la reine, et parlaient à l’avantage du Mazarin. Les uns disaient qu’il était beau, les autres lui tendaient la main et l’assuraient qu’ils l’aimaient bien, et les autres disaient qu’ils allaient boire à sa santé. Après que la reine fut rentrée chez elle, ils se mirent tous à faire des feux de joie et à bénir le Mazarin qui leur avait ramené le roi. Il leur avait fait sous main distribuer de l’argent ; c’est pourquoi ils juraient qu’il était un bon homme et disaient qu’ils avaient été trompés quand ils avaient tant crié contre lui. La reine fut ravie de cette réception. Il lui semblait que ces applaudissements étaient des marques de l’approbation qui était due à sa fermeté, et cette joie publique lui fut d’autant plus agréable qu’elle s’y attendait moins. […]

Les frondeurs, ainsi qu’il est à croire, furent au désespoir de ce changement. Les indifférents le regardaient avec étonnement, et tous eurent lieu d’être à jamais persuadés de la légèreté de peuples et de la facilité qu’ils ont de joindre les contraires ensemble. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 août 1649, note 5.

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(Consulté le 26/04/2024)

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