À Charles Spon, le 20 août 1649

Note [8]

En se remémorant l’assassinat de Henri iv par Ravaillac le 14 mai 1610, Guy Patin laissait-il percer une appréhension ?

Les Innocents (ou Saints-Innocents) étaient le plus ancien et le plus vaste cimetière de Paris, qui recevait les corps de 22 paroisses et de l’Hôtel-Dieu sur une surface qui dépassait à peine 0,7 hectare. Avec l’église et la fontaine (seul vestige encore visible) de même nom, les Innocents formaient un quadrilatère correspondant aujourd’hui à la place Joachim-du-Bellay (iiie arrondissement) qui s’ouvre à l’est sur la rue Saint-Denis. Voltaire en a donné cette effrayante description dans son Dictionnaire philosophique :

« Passez par le charnier qu’on appelle Saint-Innocent, c’est un vaste enclos consacré à la peste : les pauvres, qui meurent très souvent de maladies contagieuses, y sont enterrés pêle-mêle ; les chiens y viennent quelquefois ronger les ossements ; une vapeur épaisse, cadavéreuse, infectée s’en exhale ; elle est pestilentielle dans les chaleurs de l’été après les pluies ; et presque à côté de cette voirie {a} est l’Opéra, le Palais-Royal, le Louvre des rois. On porte à une lieue de la ville les immondices des privés {b} et on entasse depuis douze cents ans dans la même ville les corps pourris dont ces immondices étaient produites. »


  1. V. note [16], lettre 357.

  2. Latrines.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 août 1649, note 8.

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(Consulté le 19/04/2024)

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