À Charles Spon, le 11 janvier 1650

Note [18]

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, pages 197‑198, janvier 1650) :

« Vendredi 7, assemblée du Parlement où les princes et pairs assistèrent. Les duc de Beaufort et coadjuteur s’y montrèrent encore, et soudain se retirèrent ailleurs. Les informations furent relues, et particulièrement les dépositions des trois témoins ou délateurs à qui l’on {a} a donné des lettres de cachet du roi pour les sauver d’être recherchés de ce qui s’est passé dans les assemblées {b} où ils se sont trouvés et dont ils déposent. Ils se nomment Canto, béarnais, Sosciondo, bordelais, et Pichon, dit Charbonnier. Le reste est remis au lendemain.

Quand le duc de Beaufort est sorti du Palais, qui n’a été qu’après les autres princes, il s’est vu environné d’une populace, aucuns {c} desquels disaient, mais tout bellement aux endroits par où il passait, et bassement : “ Ôtez votre chapeau à M. de Beaufort ! ” »


  1. Le Tellier.

  2. De rentiers.

  3. Quelques-uns.

Les lettres de cachet adressées aux trois témoins les autorisaient (ibid., page 213, 25 janvier) à :

« pouvoir impunément être des assemblées {a} et y dire et agir ce que bon leur a semblé, attendu que ce sont délateurs, sycophantes, {b} introduisant un moyen de calomnie et d’inquisition jusqu’à présent inouï, et contre les franchises et libertés du peuple français, et l’ancienne coutume du gouvernement de l’État. »


  1. De rentiers.

  2. Fourbes dénonciateurs (v. note [7], lettre 57).

Le coadjuteur a conservé le souvenir de plus de trois faux témoins à charge contre lui (Retz, Mémoires, page 593) :

« L’on lut les informations, dans lesquelles on ne trouva pour témoins qu’un appelé Canto, qui avait été condamné d’être pendu à Pau ; Pichon, qui avait été mis sur la roue en effigie au Mans ; Sociando, contre lequel il y avait preuve de fausseté à la Tournelle ; La Comette, Marcassez, Gorgibus, filous fieffés. Je ne crois pas que vous ayez vu dans les Petites lettres de Port-Royal de noms plus saugrenus que ceux-là ; et Gorgibus vaut bien Tambourin. » {a}


  1. Les Petites lettres sont les Provinciales de Blaise Pascal, parues entre janvier 1656 et mars 1657 (v. note [23], lettre 446) : la cinquième énumère les noms, à consonance ridicule, de divers théologiens du temps dont les jésuites prétendaient, selon Pascal, substituer l’autorité à celle des Pères de l’Église. L’un d’eux était Thomas Tamburini, francisé en Tambourin (Bertière a).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 11 janvier 1650, note 18.

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(Consulté le 19/04/2024)

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