À Charles Spon, le 26 juillet 1650

Note [32]

Reblandir : « terme de coutumes, qui se dit quand un vassal va trouver le seigneur ou ses officiers pour retirer son aveu et dénombrement [déclaration qu’on fait au seigneur dominant de tous les fiefs, droits et héritages qu’on reconnaît et avoue tenir de lui], et lui demander civilement et avec soumission les causes des saisies qu’il a faites ou des difficultés ou empêchements qu’il a à lui opposer ».

Reflatter : « flatter de nouveau ; on a beau battre un chien, il vient toujours reflatter son maître » (Furetière).

Le voyage de la cour en Guyenne compliquait les négociations avec les parlements de Bordeaux et de Paris ; Journal de la Fronde (volume i, fo 260 ro et vo, juillet 1650) :

« Le 22 du courant, un courrier extraordinaire envoyé du parlement de Bordeaux à ses députés arriva ici, et leur apporta une lettre de ce parlement adressée à M. le duc d’Orléans et une autre au Parlement de Paris. Ils rendirent celle de S.A.R. {a} dès le soir du même jour, par laquelle Messieurs de Bordeaux lui faisaient connaître le sujet de défiance qu’ils avaient de l’approche de M. le cardinal, qu’ils considéraient comme leur ennemi et le protecteur de M. d’Épernon, et comme l’objet de l’aversion des peuples ; que cette approche leur faisait appréhender avec raison de voir continuer la guerre dans la Guyenne ; ce qui les obligeait de supplier S.A.R. de leur continuer sa protection et d’empêcher que Son Éminence n’y allât, et de leur donner la paix ; sur quoi S.A.R. se mit en colère, les traita de séditieux et de mutins, et leur dit que le roi ne serait pas toujours mineur et qu’on trouverait un jour moyen de s’en venger. Mais le lendemain au matin, elle {a} leur témoigna plus de douceur, leur ayant envoyé un gentilhomme pour leur faire connaître qu’elle voulait leur continuer sa protection. Sur cela, M. Guyonnet, l’un des députés, étant allé au palais d’Orléans, S.A.R. et M. de Beaufort conférèrent avec lui sur les moyens d’accommoder l’affaire de Bordeaux ; et parce que les députés avaient à poursuivre l’assemblée du Parlement de Paris pour délibérer sur la lettre que celui de Bordeaux lui écrit pour lui donner part des défiances qu’il a sujet d’avoir de l’entrée de M. le cardinal en Guyenne, Sadite Altesse obtient qu’ils attendraient 8 jours à présenter cette lettre au Parlement, après leur avoir donné parole que M. d’Épernon serait non seulement rappelé en cour, mais changé, et qu’on leur donnerait un gouverneur qui ne leur serait pas suspect ; mais qu’en cette considération, elle entendait qu’on fît sortir de Bordeaux Mme la Princesse, le duc de Bouillon et les autres de ce parti. Pour cet effet, elle envoya le 24 M. de Comminges à la cour et écrivit à la reine que pour accommoder l’affaire de Bordeaux, il ne suffisait pas de mander M. d’Épernon, qu’il fallait absolument le révoquer et mettre un autre gouverneur en sa place, ayant M. le duc d’Anjou {b} à cette fin et M. le maréchal de Schomberg pour son lieutenant général, comme étant fort accrédité dans cette province-là ; dont les députés attendent l’effet avant que présenter leur lettre au Parlement. » {c}


  1. Son Altesse Royale, le duc d’Orléans.

  2. Philippe, frère cadet de Louis xiv.

  3. Il devenait de plus en plus difficile à Gaston d’Orléans de gagner du temps et de calmer les ardeurs parlementaires, mais il y parvenait encore.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 26 juillet 1650, note 32.

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(Consulté le 19/04/2024)

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