À Charles Spon, le 22 décembre 1651

Note [2]

La Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier (v. note [18], lettre 77), fille du premier lit de Gaston d’Orléans, a raconté par le menu (Mémoires, première partie, volume 1, chapitre ix, page 320) la cour que lui fit le futur roi d’Angleterre, Charles ii, dès son arrivée en France après sa déplorable défaite de Worcester (13 septembre, v. note [16], lettre 266) et son aventureuse évasion d’Angleterre (v. note [5], lettre 270) :

« Je le trouvai fort bien fait et de beaucoup meilleure mine qu’il n’était devant son départ, quoiqu’il eût les cheveux courts et beaucoup de barbe, deux choses qui changent les gens. Je trouvai qu’il parlait fort bien français »

En dépit des instances de sa tante, la reine mère d’Angleterre, Mademoiselle renonça à ce parti (ibid. page 329) :

« Goulas {a} m’allégua le misérable état où je serais si j’épousais le roi d’Angleterre ; et quoique j’eusse de grands biens, je n’en avais pas néanmoins assez pour subvenir {b} une guerre telle qu’il fallait qu’il la fît, et quand il aurait vendu tout mon bien et qu’il n’aurait point reconquis son royaume, je mourrais de faim ; qu’il pouvait mourir et que cela arrivant, je serais la plus misérable reine du monde ; que je serais à charge à Monsieur au lieu de le pouvoir servir ; que je devais voir l’amitié que l’on avait pour moi à la cour par cette proposition et en faire ce qu’il me plairait ; que les fréquentes visites du roi d’Angleterre, les respects et les déférences qu’il me rendait étaient des galanteries à un roi, et que cette déclaration ouverte qu’il en faisait pourrait faire un mauvais effet pour moi dans les pays étrangers et empêcher tous les autres princes de songer à moi ; qu’ainsi je ne pouvais trop tôt rompre ce commerce. »


  1. Léonard Goulas (v. note [5], lettre 152), secrétaire de Monsieur.

  2. Financer.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 décembre 1651, note 2.

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(Consulté le 28/03/2024)

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