À Charles Spon, le 16 avril 1652

Note [17]

Les historiens ont donné à ce combat le nom de bataille de Bléneau, du nom de la petite ville (dans l’Yonne, 20 kilomètres à l’est de Briare) autour de laquelle se rencontrèrent en divers endroits, les 6 et 7 avril 1652, les armées des princes et du roi, commandées par le prince de Condé et les ducs de Nemours et Beaufort, pour l’une, et par les maréchaux d’Hocquincourt et de Turenne, pour l’autre.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 60 ro et vo, Paris, 12 avril 1652) :

« Les particularités du combat d’entre l’armée de la cour et celles des princes furent apportées ici le 10 par M. de Gaucourt, qui rapporta que M. de Nemours ayant pris le commandement de l’avant-garde, à cause que c’était son jour, enleva les quartiers que vous avez sus, où il fut blessé après avoir eu un cheval tué sous lui et deux autres blessés ; qu’en même temps, M. le Prince s’étant engagé à combattre, et M. de Beaufort voyant l’affaire en si beau chemin et voulant avoir part à la gloire du combat, pria M. le Prince de lui donner quelque commandement pour y aller des premiers ; que sur cela, Son A. {a} le mit à la tête du régiment de cavalerie de Condé ; et qu’après la prise d’un château dans lequel les Polonais s’étaient retirés, ils attaquèrent si vertement le quartier du maréchal d’Hocquincourt, quoique de nuit, qu’ils le défirent entièrement. Ce maréchal ayant laissé son bagage avancé afin que les troupes de M. le Prince s’amusassent à le piller et lui donnassent le temps de rallier les siennes pour les surprendre au pillage, Son A. fit de si rigoureuses défenses de ne s’y amuser point que personne n’y toucha qu’après que le combat fut fini ; et que ce fut alors qu’elle disposa du pillage {b} et en donna ce qu’il voulut à chaque régiment. Il y eut environ 700 prisonniers dont la moitié n’étaient que des valets qui gardaient le bagage ; et M. le Prince en renvoya plus de 300 qui furent réclamés par les chefs de l’armée de ce maréchal comme leurs domestiques. Quant au nombre des tués, comme ce fut un combat de nuit et qu’on n’eut le loisir de retirer beaucoup de corps morts, l’on n’a pu encore en bien savoir le nombre, mais il ne s’en est pas trouvé 250. Ceux qui furent les plus maltraités furent les gardes de ce maréchal, les carabins de Senneterre, les Polonais, les régiments de Bodar, de Navailles et de Borlemont qui furent entièrement défaits. Il n’y eut avec l’armée de M. de Turenne {c} que l’escarmouche que vous avez sue, après laquelle il se retira en si bon ordre à Briare que M. le Prince ne lui put rien faire […] ; après quoi Son A. fit retourner son armée en deçà de loin, vers Châteaurenard. La cour fut en termes de {d} partir de Gien et de repasser la Loire ; mais le Conseil n’en fut pas d’avis à cause que la défaite eut semblé plus grande, et fit venir seulement là une partie de l’armée du maréchal de Turenne pour empêcher celle des princes d’en approcher ; mais le bruit court aujourd’hui que la cour en devait partir ce matin pour venir coucher à Pithiviers et demain à Fontainebleau, quoiqu’il n’y ait pas d’apparence qu’elle puisse passer. »


  1. Son Altesse, le prince de Condé.

  2. Que Condé ordonna le pillage.

  3. Venue de Briare à la rescousse.

  4. Obligée de.

En contre-attaquant Condé ce 7 avril pour brider sa victoire de Bléneau, « le maréchal de Turenne a sauvé Louis xiv, Anne d’Autriche et Mazarin du désastre » (Pernot, page 291).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 avril 1652, note 17.

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(Consulté le 17/04/2024)

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