À Charles Spon, le 10 mai 1652

Note [18]

Journal de la Fronde (volume ii, fo 68 vo‑70 ro) :

« Hier {a} le roi d’Angleterre, {b} étant de retour de la cour, fut voir S.A.R. {c} et lui dit qu’étant entré en discours avec la reine {d} sur l’état des affaires, il lui avait proposé de considérer les malheurs que cette guerre pourrait apporter et de tâcher de porter les choses à un bon accommodement, lui représentant même l’exemple de son père ; {e} que la reine lui avait répondu qu’elle ne s’éloignerait jamais de l’accommodement et qu’elle le souhaitait fort ; que si S.A.R. lui voulait envoyer des personnes de créance avec un plein pouvoir, elle en députerait en même temps de sa part ; dont le roi d’Angleterre se voulut charger de faire la proposition à S.A.R., laquelle lui répondit qu’elle souhaitait la paix plus que la reine, mais qu’elle ne pouvait faire aucun pas dans cette affaire sans le communiquer au Parlement, à la Ville de Paris et à M. le Prince qui étaient unis avec elle, et qu’aussitôt qu’elle aurait pu prendre leurs avis là-dessus, elle lui rendrait réponse. […]

Ce matin, {f} le Parlement s’étant assemblé, […] S.A.R. a parlé de la proposition d’accommodement que lui fit le roi d’Angleterre et a dit qu’elle n’y avait voulu faire aucune réponse sans la communiquer à la Compagnie ; qui d’abord a dit qu’il fallait bien y entendre, mais qu’avant toutes choses, il fallait que le cardinal Mazarin fût chassé entièrement ; néanmoins, on n’a commencé aucune délibération et on a remis à demain. […]

Sur la proposition d’accommodement faite par le roi et la reine d’Angleterre, S.A.R. et M. le Prince, ayant cru qu’il y aurait à la cour quelque disposition à l’éloignement du cardinal Mazarin, résolurent le 26 d’envoyer des députés en cour pour convenir de la manière dont on pourrait traiter, et choisirent à cette fin MM. de Rohan, Chavigny et Goulas, qui partirent le 27 pour aller trouver la cour à Saint-Germain avec ordre de tirer parole de Leurs Majestés que le cardinal serait chassé sans espérance de retour. Cette résolution fut cause que le Parlement ne s’assembla pas ce jour-là, ayant arrêté qu’on attendrait le retour de ces députés. »


  1. 25 avril 1652.

  2. Charles ii (en exil).

  3. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  4. Anne d’Autriche.

  5. Charles ier, décapité sur ordre du parlement de Londres en février 1649.

  6. 26 avril.

Léonard Goulas (v. note [5], lettre 152), secrétaire des commandements et du cabinet de Monsieur, jouait alors le rôle d’agent double, servant les intérêts de Mazarin auprès du duc d’Orléans, après avoir pris sa revanche sur l’abbé de La Rivière, qui l’avait évincé en septembre 1648 (v. note [27], lettre 216). Le duc de Rohan, quant à lui, était revenu à Paris après son cuisant échec d’Angers (v. note [5], lettre 284), mais toujours au service des princes.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 mai 1652, note 18.

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(Consulté le 29/03/2024)

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