À Charles Spon, le 10 mai 1652

Note [37]

Ce premier combat d’Étampes (4-5 mai 1652) fut une défaite indécise de Turenne face à Condé.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 74 ro et vo, mai 1652) :

« Les maréchaux de Turenne et d’Hocquincourt ayant envoyé, dès le 3 au soir, à Mademoiselle le passeport qu’elle leur avait demandé, celui-ci ayant aussi promis escorte, elle partit le 4 à huit heures du matin d’Étampes ; et sur le point qu’elle en sortait, et qu’elle allait voir l’armée de S.A.R. {a} et de M. le Prince qui était toute rangée en bataille hors la ville afin que cette princesse la pût voir, celle du maréchal de Turenne parut sur la montagne voisine, marchant avec son artillerie et son bagage comme si elle eût voulu aller vers Dourdan. Aussitôt, le baron de Clinchant et le comte de Tavannes prièrent Mademoiselle de leur vouloir donner ordre de livrer bataille aux ennemis ; et celui-ci l’en pressa fort, mais elle répondit qu’elle n’avait point d’ordre à leur donner ; sur quoi, ils commencèrent à faire défiler leur armée en sa présence et la faire rentrer en des quartiers ; après quoi, Mademoiselle poursuivit son chemin vers Châtres {b} et y fut fort bien reçue, où ces deux maréchaux lui avaient fait apprêter à dîner, mais elle n’y voulut pas arrêter. Ils lui baillèrent une escorte de 60 chevaux qui la conduisirent jusqu’au Bourg-la-reine où elle fut reçue par M. le Prince qui lui était allé au-devant avec MM. de Beaufort et de Sully, de Rohan et grand nombre de noblesse. Elle arriva à cinq heures du soir au palais d’Orléans, où il y en avait grand nombre, et autant de joie de son retour que ceux d’Orléans avaient témoigné de regret d’elle à son départ après lui avoir fait mille protestations de fidélité au service de Son Altesse Royale. Cependant, la cavalerie de l’armée mazarine s’étant toujours avancée, il y eut quelques coups de pistolet qui amusèrent celle de Messieurs les princes jusqu’à ce que l’infanterie fût arrivée ; et alors, toutes ensemble ayant attaqué le faubourg d’Étampes qui est delà vers Orléans, se saisit du pont {c} qui le sépare d’avec la ville ; et après quelques gens tués, y enleva le quartier des Allemands du baron de Clinchant. Aussitôt, les chefs et les troupes qui étaient dans la ville étant sortis pour tâcher de repousser les ennemis, passèrent le ruisseau, et il y eut un long et rude combat, dans lequel ce baron fut légèrement blessé, et Broch, lieutenant général de la cavalerie, et le comte de Furstemberg tués avec environ 200 soldats ou officiers. Le nombre de ceux qui demeurèrent sur la place de l’autre côté fut d’environ 400 et néanmoins, on ne put empêcher qu’ils ne menassent d’abord 800 prisonniers qu’ils y avaient déjà faits ; mais les régiments d’infanterie de Languedoc et de Son Altesse Royale les ayant repoussés hors du faubourg, les poursuivirent plus d’une lieue, l’épée à la main, après les avoir même contraints d’y laisser deux pièces de canon, recouvrèrent une partie des prisonniers qui avaient déjà été faits ; d’autres revinrent, en sorte qu’il se trouva qu’ils n’en purent retenir que 300. Ces deux régiments firent aussi plus de 60 prisonniers et en auraient fait beaucoup davantage s’ils eussent voulu donner quartier. {d} Du côté de Messieurs les princes, il n’y eut presque que les Allemands qui furent maltraités ; et du côté de la cour, il n’y eut aussi que les régiments de Picardie et de la Marche battus, dont le premier fut entièrement défait, y ayant eu neuf capitaines tués. L’autre le fut moins. C’est ainsi que racontent cette histoire tous ceux qui sont venus du camp de Messieurs les princes ; mais à la cour, on soutient que c’est une défaite de plus de 2 000 hommes et qu’ils en ont plus de 1 000 prisonniers. »


  1. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  2. Arpajon, v. note [8], lettre 149.

  3. Sur la Luine.

  4. Accorder la vie sauve aux captifs.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 mai 1652, note 37.

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(Consulté le 19/04/2024)

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