À Charles Spon, les 21 et 22 novembre 1652
Note [59]
Banqueroute (Furetière) :
« faillite, fuite, abandonnement de biens que font les banquiers ou négociants publics à leurs créanciers, avec fraude et malice. Beaucoup de marchands s’enrichissent par des banqueroutes frauduleuses, en mettant leurs biens à couvert. La banqueroute est différente de la faillite, parce que la banqueroute est volontaire et frauduleuse, quand le banqueroutier s’enfuit et emporte le plus liquide de ses biens. La faillite est contrainte et nécessaire, et est causée par quelque fortune ou accident ; et l’on tient qu’un homme à fait faillite dès qu’il a manqué à acquitter des lettres de change, ou qu’il y a quelque désordre dans son négoce.
Banqueroute se dit aussi de l’insolvabilité des bourgeois, ou autres personnes qui doivent plus qu’ils n’ont vaillant, et qui ne payent pas leurs dettes. Banqueroute se dit figurément en choses spirituelles : il a fait banqueroute à l’honneur, au bon sens, à Dieu ; et on le dit encore de ceux qui manquent à exécuter leurs promesses, et à se trouver aux rendez-vous qu’ils ont donnés ; ou de ceux qui se retirent secrètement d’une compagnie, et sans dire adieu.
Ce mot vient de l’italien banca rotta, “ banque rompue ”. »
Henry Bourcier de Barry, sieur de Saint-Aunais, lieutenant général depuis 1649, avait hérité du gouvernement de Leucate (v. note [9], lettre 51), dont bénéficiait sa famille depuis plus d’un siècle. Proscrit une première fois en 1639, il était rentré en grâce à la fin de 1643 et avait été rétabli dans son gouvernement l’année suivante. En novembre 1652, il venait de trahir une nouvelle fois la France contre 40 000 piastres (soit autant d’écus) que lui offrait Philippe iv d’Espagne. Louis xiv entra aussitôt en négociation avec Saint-Aunais qui, en échange de son rétablissement, demandait 200 000 livres payables par les états du Languedoc. Le maréchal de La Mothe-Houdancourt servit ici d’intermédiaire entre le gouvernement et la cour (Jestaz et Adam).
Journal de la Fronde (volume ii, fo 174 vo, 15 novembre 1652) :
« Vous aurez su que Saint-Aunais, gouverneur de Leucate, se déclara il y a cinq ou six mois pour M. le Prince et que depuis, il n’a cessé de faire des courses dans le Roussillon. Ses trois enfants étant ici en pension dans le Collège d’Harcourt, y ont été arrêtés cette après-dînée par ordre du roi. »
Guy Patin a reparlé de Saint-Aunais en 1665 (v. note [5], lettre 817) à l’occasion d’une nouvelle défection en faveur de l’Espagne.