À Claude II Belin, le 29 juin 1653

Note [3]

« à tel point que j’ai appris d’un semblable prodige qu’Acignius règne partout ».

Acignius (parfois écrit Aciginius) est l’anagramme qu’a choisie Jean Barclay, dans son Euphormio [Euphormion] (v. note [20], lettre 80), pour désigner Ignacius, c’est-à-dire Ignace de Loyola (ou plus exactement, pour Barclay, le P. Ignace Armand, provincial qu’il avait rencontré à La Flèche et qui avait tenté de l’attirer au noviciat jésuite).

La phrase de Barclay dont Guy Patin s’est sans doute inspiré se trouve à la page 116 de l’Euphormion (seconde partie, première édition de Paris, 1607, chez François Huby) :

Sed et in maculas quas tantopere vitabam miserabilis offendi, monstroque maximo didici ubique Acignium esse.

« Mais je me trouvai dedans les pièges que je pensais avoir échappés ; j’appris enfin par une rencontre fort étrange qu’Acignius se trouvait partout. » {a}


  1. Traduction de Jean Bérault (1640, réédité par Alain Cullière en 2000, page 190).

Barclay avait un compte à régler avec les jésuites et ne les ménageait pas, comme en atteste, parmi d’autres, ce passage (ibid. pages 189‑190) :

« Un homme, me dit-il, {a} qui a étudié, s’il a la volonté d’acquérir de la réputation, ne saurait trouver un lieu plus commode que ma maison. Nous faisons preuve de nos esprits sur le plus beau théâtre de l’Univers. Tout le monde nous applaudit et pour le temps que nous ne paraissons point en public, nous le passons doucement en la compagnie des Muses. Le soin du ménage et des affaires domestiques n’attache point à la terre les esprits qui ont quelque beau talent. {b} Nous sommes puissants partout. Nous avons ici les commencements d’une domination que les fatalités nous ordonnent dans le ciel. »


  1. C’est Acignius qui parle.

  2. Comme ont les moines.

Patin a pris plaisir à donner aux jésuites le surnom d’acigniens (qui a dérouté plus d’un de ses lecteurs). V. note [16], lettre 901, pour une présentation plus complète du personnage d’Acignius.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 29 juin 1653, note 3.

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(Consulté le 16/04/2024)

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