À Charles Spon, le 21 octobre 1653

Note [2]

Paul Pellisson-Fontanier (Béziers 1624-Paris 1693) :

Relation contenant l’histoire de l’Académie française.


  1. Paris, Augustin Courbé, 1653, in‑8o de 590 pages, pour la première de plusieurs éditions ; le nom de Pellisson ne figure que dans le privilège royal, imprimé à la fin du livre. Il est dépourvu de table des matières détaillée ou d’index ; les faits et les pièces justificatives y sont chronologiquement présentés.

    La liste des membres de l’Académie, par ordre d’élection, occupe la cinquième partie (pages 342‑564).


De famille protestante, Pellisson était fils d’un conseiller en la Chambre de l’édit de Castres et de Jeanne de Fontanier. Après de solides études, il s’était d’abord voué au barreau et avait publié en 1645 une paraphrase latine du premier livre des Institutes de Justinien (v. note [22], lettre 224). Vers cette époque, ayant été complètement défiguré par la petite vérole, il s’était retiré à la campagne et avait renoncé à la profession d’avocat pour se consacrer à la culture des lettres. Pendant plusieurs voyages qu’il avait faits à Paris, son ami et coreligionnaire Valentin Conrart (v. note [15], lettre 349) l’avait admis dans les réunions où prit naissance l’Académie française. Il y avait été reçu en 1653, disant de son Histoire dans son discours : « Des murmures excités de tous côtés contre ce misérable livre qui, tout innocent qu’il était, n’avait pas eu le bonheur de satisfaire également tout le monde ».

En 1652, il avait acheté une charge de secrétaire du roi ; il y donna de si grandes preuves de capacité que Fouquet se l’attacha comme premier commis. Quelques années après, Pellisson devint maître des comptes à Montpellier (1659) puis conseiller du roi (1660). Enveloppé dans la vertigineuse disgrâce du surintendant Fouquet, Pellisson fit preuve d’une fermeté et d’une constance inébranlables dans son attachement à son bienfaiteur et ami déchu. Ce fut alors que, pour le défendre, il composa trois Discours qui sont restés célèbres. Arrêté à Nantes en septembre 1661 en même temps que Fouquet, Pellisson fut enfermé à la Bastille où il resta cinq ans, n’ayant pour lecture que les Pères de l’Église et pour distraction, qu’une araignée qu’il avait apprivoisée. Il abjura en 1670 et devint historiographe du roi. Il entra même dans les ordres et devint successivement économe de Saint-Germain-des-Prés puis de Saint-Denis, où il administra avec tout le zèle d’un nouveau converti la caisse dont le produit était consacré à la conversion des hérétiques.

La Relation de Pellisson décrit en grand détail (pages 6‑84) la gestation et la naissance de l’Académie française, sur l’instigation du cardinal Richelieu, et par les édits royaux de janvier 1635 (pages 60‑72) et du 30 décembre suivant (pages 83‑84). Les 29 premiers membres avaient été nommés dès mars 1634. Notre édition cite de nombreux académiciens, mais Pierre Corneille (1647, v. infra note [3]), Jean Racine (1672, v. note [25], lettre 997) et François i La Mothe Le Vayer (1639, v. note [14], lettre 172) sont les seuls à s’être acquis une célébrité littéraire immortelle. Les autres doivent néanmoins à leur fauteuil de ne pas être entièrement tombés dans l’oubli. V. notule {f}, note [3] du Faux Patiniana II‑7, pour le Dictionnaire de l’Académie française.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 octobre 1653, note 2.

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(Consulté le 19/04/2024)

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