À Claude II Belin, le 12 novembre 1653

Note [6]

La Gazette, ordinaire no 135, de Paris, le 1er novembre 1653 (page 1088) :

« Le 25e du passé mourut, au 15e mois de sa maladie, en sa 70esic pour 68e > année, Théophraste Renaudot, conseiller médecin du roi, historiographe de Sa Majesté, d’autant plus recommandable à la postérité que, comme elle apprendra de lui les noms des grands hommes qu’il a employés en cette histoire journalière, on n’y doit pas taire le sien ; d’ailleurs assez célèbre par son grand savoir et la capacité qu’il a fait paraître durant 50 ans en l’exercice de la médecine, et par les autres belles productions de son esprit, si innocentes que, les ayant toutes destinées à l’utilité publique, il s’est toujours contenté d’en recueillir la gloire »

Selon le rapport médical établi par son fils Eusèbe, Théophraste s’était effondré, victime d’une apoplexie qui le frappait pour la troisième fois. C’était au Louvre le 23 octobre 1653, il était en train d’écrire un article pour sa Gazette. Il mourut deux jours plus tard et fut inhumé le 26 en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, alors paroisse des souverains, devant l’autel de la chapelle de la Vierge. Les funérailles furent très belles, avec une procession de 30 prêtres et de dignitaires de la cour. Une foule de pauvres gens y assistèrent. Eusèbe Renaudot, dans son Journal (page 245), a résumé tout cela par quelques mots :

« Le 25 octobre 1653, mourut en sa 69e année ou environ notre très cher père Théophraste Renaudot, d’une maladie de 15 mois, ayant été enterré à Saint-Germain-l’Auxerrois devant l’autel de la paroisse. »

Théophraste Renaudot n’était pas « gueux comme un peintre » : un acte découvert par Jean Dalat (Conférence. Bulletin des amis de Théophraste Renaudot, no 3, juin 1983, pages 1‑9) aux Archives municipales de Bordeaux montre qu’il avait acheté par moitié avec son fils Isaac une maison « sise au village de Villeneuve-le-Roi […], ainsi que dix pièces de terres et de vignes » ; il n’avait jamais été réduit à la misère ; logé au Louvre, il recevait sa pension d’historiographe du roi et sa part des bénéfices de la Gazette (Delavault, chapitre 23, page 107).

À la mort de Théophraste Renaudot, sa Gazette passa sous la direction de son deuxième fils, Théophraste ii, sieur de Boissemé, conseiller à la Cour des monnaies (1611-1672). Après la mort de Théophraste ii, écrit Eusèbe Renaudot lui-même dans son Journal (page 265) :

« La Gazette dont il était pourvu m’a été donnée par le roi, nonobstant les sollicitations de plusieurs qui la demandaient, et j’en ai confié le titre à François Renaudot, mon second fils, sous les conditions convenues entre mon frère et moi. […] Le 15 mars, {a} le roi m’a accordé la confirmation du privilège des Gazette et Bureau d’adresse qu’avait mon fils François Renaudot, à présent chanoine régulier de Sainte-Geneviève, en faveur de mon fils Eusèbe Renaudot {b} qui en est maintenant le titulaire et qui arrêtera par ce moyen les prétentions de plusieurs qui essayaient de se l’approprier. »


  1. 1679.

  2. Eusèbe ii Renaudot, v. note [16], lettre 104.

Devenue Gazette nationale en 1762, puis Gazette nationale de France en 1792 et de nouveau Gazette nationale, la création de Théophraste Renaudot devint l’un des principaux organes royalistes et ne cessa de paraître que le 30 septembre 1915.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 novembre 1653, note 6.

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(Consulté le 29/03/2024)

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