À Charles Spon, le 25 novembre 1653

Note [21]

« ce sont ceux qui trompent les malades par le moyen détourné des bains », Pline (Histoire naturelle, livre xxix, chapitre viii, Litté Pli, volume 2, pages 300‑301) :

Ne avaritiam quidem arguam, rapacesque nundinas pendentibus fatis, et dolorum indicaturam, ac mortis arrham, aut arcana præcepta, squamam in oculis emovendam potius, quam extrahendam : per quæ effectum est, ut nihil magis prodesse videretur, quam multitudo grassantium. Neque enim pudor, sed æmuli pretia summittunt. Notum est ab eodem Charmide unum ægrum ex provincialibus H‑S ducentis reconductum ; Alconti vulnerum medico H‑S c damnato ademisse Claudium principem ; eidenque in Gallia exsulanti, deinde restituto, acquisitum non minus intra paucos annos. Et hæc personis inputentur. Ne fæcem quidem, aut inscitiam ejus turbæ arguamus, ipsorum intemperantiam in morbis aquarum calidarum diverticulis : imperiosam inediam, et ab iisdem deficientibus cibo sæpius die ingesto, mile præterea pænitentiæ modis, culinarum etiam præceptis et unguentorum mixturis, quando nullas omisere vitae illecebras.

« Je passerai même sous silence l’avarice, les marchés cupides quand la destinée est pendante, les douleurs taxées, les arrhes prélevées sur la mort, et ces secrets du métier ; par exemple : déplacer seulement, au lieu de l’extraire, le corps opaque dans l’œil. {a} Aussi, rien ne paraît-il plus avantageux que le grand nombre de ces aventuriers ; ce n’est pas la pudeur, c’est la concurrence qui leur fait baisser leurs prix. On sait que ce Charmis, dont nous avons parlé, {b} passa marché avec un malade pour ceux cent mille sesterces ; que l’empereur Claude confisqua sur Alcon le chirurgien, condamné, dix millions de sesterces ; et que ce chirurgien, exilé dans les Gaules, ayant été rappelé, en gagna autant en peu d’années. Mais que ces faits soient personnels ; n’accusons même pas l’ignorance et la bassesse de la tourbe médicale, l’abus qu’ils font des remèdes et des bains chauds où ils promènent leurs malades, la diète impitoyable qu’ils imposent, les aliments dont les mêmes accablent plusieurs fois le jour des hommes défaillants, mille tâtonnements pour réparer le mal qu’ils ont fait, les ordres qu’ils donnent même pour la cuisine et la composition des parfums, car ils n’ont rien omis de ce qui flatte la sensualité. »


  1. Le cristallin atteint de cataracte (v. note [2], lettre 116).

  2. V. note [17], lettre 271.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 25 novembre 1653, note 21.

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(Consulté le 28/03/2024)

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