À Charles Spon, le 16 décembre 1653

Note [31]

« fictions de médicastres et mensonges d’apothicaires, tous préoccupés de leur seul gain ».

Mérat in Panckoucke (1822) :

« La médecine a autrefois fait usage de la vipère ; mais il paraît qu’on en a retiré peu d’avantages puisqu’aujourd’hui elle est à peu près abandonnée. La chair de vipère sert à faire des bouillons estimés, dépuratifs, alexipharmaques, cordiaux. On écorche pour cette préparation l’animal vivant ; et malgré que les tronçons et le cœur même remuent pendant plusieurs heures, tant l’animal est vivace, on les soumet à l’ébullition nécessaire. On n’estime point la chair de la vipère morte spontanément ; on recommandait aussi de manger la chair de l’animal grillée ou rôtie pour lui faire produire des effets analogues. On prépare un sel volatil de vipère qui n’est qu’un carbonate d’ammoniaque et qui n’a pas d’autres propriétés que celui tiré des autres animaux. On le conseillait comme sudorifique et antiseptique dans les fièvres malignes, putrides la petite vérole, le pourpre, la piqûre des bêtes venimeuses, surtout celle des vipères, de sorte que l’animal fournissait en même temps le poison et le remède. La graisse de vipère a été préconisée comme fortifiante et nervine {a} dans les maladies des articulations, les douleurs, les faiblesses des membres. On mettait autrefois un grand prix à ce remède qui est aujourd’hui tombé en désuétude. On usait aussi jadis du vin de vipère. On faisait encore sécher le foie et le cœur de l’animal au soleil et on pulvérisait ensuite ces viscères ; cette poudre était connue sous le nom de bézoard animal et se prescrivait, comme les autres bézoards, contre les venins, la malignité, etc. Enfin, on préparait une gelée de vipère, une huile essentielle de vipère. Tout cela est abandonné aujourd’hui. La chair de vipère en poudre entre dans la confection de la thériaque et de l’orviétan. » {b}


  1. Bonne pour les nerfs.

  2. V. notes [9], lettre 5, et [14], lettre 336.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 décembre 1653, note 31.

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(Consulté le 19/04/2024)

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