À Charles Spon, le 19 mai 1654

Note [6]

Littré DLF cite ce passage de Guy Patin pour définir faux teston comme signifiant « personne à qui on ne peut se fier » (v. note [25], lettre Boroboniana 2 manuscrit).

Pierre Naudin était maître apothicaire de Paris et valet de chambre du roi ; sans qu’on en connaisse le motif, il fut brièvement embastillé en avril 1660 (Roger Goulard, Apothicaires embastillés, Bulletin de la Société française d’histoire de la médecine, 1930, no 24, page 398). En juin 1654, Patin a parlé de son fils, Théodore Naudin, qui se disait médecin de Montpellier (non répertorié dans la liste de Dulieu) et qui prit part à une tentative de complot contre Cromwell (v. note [13], lettre 353).

Michel de Marolles, abbé de Villeloin a parlé de Naudin dans ses Mémoires {a} (année 1635, pages 102‑104) :

« Je pensais jouir en ce lieu-là {b} paisiblement de ce bon voisinage ; mais Dieu voulut que je me trouvasse frappé d’une maladie qui me priva de toute sorte de conversation, excepté de deux amis, l’un ecclésiastique et bon théologien, appelé Louis Masson, et l’autre, avocat, homme d’honneur et de grande vertu, appelé Claude Bonnet, de Chatillon-sur-l’Indre, qui me voyait tous les jours, outre M. Hastier, prêtre de la paroisse, mon confesseur, et les sieurs Guénault et de Saint-Jacques, médecins de la Faculté de Paris, qui me traitèrent et me tirèrent enfin du péril où m’avait mis la petite vérole, accompagnée d’une grosse fièvre et d’une étrange douleur de tête, qui les obligea de me saigner jusqu’à huit fois. Mon chirurgien s’appelait Alot, et mon apothicaire, qui fut très fidèle dans l’administration de ses drogues, avait nom Naudin.

Cependant, Dieu me fit la grâce que je ne perdis point le jugement et que je me résolus sans regret à la mort, me soumettant franchement à tout ce qu’il plairait à Dieu d’ordonner de moi. […]

Une des choses qui me consola autant de mourir, dans la créance que tout le monde en avait, fut la laideur de mon visage, que j’aperçus dans un miroir, en l’état que j’étais alors ; car sans mentir, il me sembla si difforme que je priai ceux qui étaient autour de moi de ne s’en pas effrayer, de peur que cela même ne leur donnât envie de me quitter ; mais ils se trouvèrent tous plus affectionnés que je ne l’eusse osé espérer. Un jeune cousin, du même nom que ma mère, que j’avais auprès de moi, lequel je faisais instruire aux études, n’en eut point de peur ; et personne n’en fut frappé qu’un de mes petits laquais, qui en mourut, en le renvoyant au pays, comme on le crut hors de péril.

Enfin, au bout de quinze jours, il plut à Dieu de me rendre la santé. » {c}


  1. Édition de Paris, 1656, v. notule {a}, note [26], lettre 989.

  2. Rue du Colombier dans le faubourg Saint-Germain à Paris.

  3. Alors âgé de 35 ans, Marolles mourut en 1681.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 19 mai 1654, note 6.

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(Consulté le 25/04/2024)

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