À Charles Spon, le 3 juin 1654

Note [3]

« il veut être prononcé roi de la mer et empereur de l’Océan. »

Patin a écrit indigetari, quand la correction de la syntaxe demande indigitari (infinitif présent passif du verbe indigitare, prononcer) ; toutefois, il a pu vouloir forger un verbe néologique à partir du substantif indigetes, qui signifie indigètes, « nom que les anciens donnaient à ceux qui par de grandes actions de valeur avaient mérité d’être mis au nombre des dieux » (Thomas Corneille) ; avec « être divinisé en… », le sens de la phrase n’en serait que renforcé.

Dans une analyse portant sur les propos adulateurs de certains écrivains anglais de l’époque, David Armitage (The Cromwellian Protectorate and the languages of Empire [Le Protectorat de Cromwell et les langages de l’Empire], The Historical Journal, 1992, 35 : 531-555) note que :

« Comme le conquérant de trois royaumes, investi du pouvoir personnel par l’Instrument of Government {a} qui l’avait installé Protecteur, Cromwell était “ our Prince, a Cæsar for valour, Augustus for fortune, and for prowess and prudence second to neither ”. {b} Pour les exploits de ses “ magnanimous Argonautes ”, {c} les amiraux Blake, Monck et Penn, “ meriteth to be stiled Imperator Oceani ” ; {d} c’est celui que Dieu a encouragé comme il a fait pour Josué : “ Ne sois ni apeuré ni abattu car, où que tu ailles, Dieu est avec toi ”. De facto, la stature de Cromwell comme conquérant et ses réalisations comme Protecteur lui assurent l’“ empire ” sur ses conquêtes, et sa dignité impériale n’était pas incompatible avec la protection du Seigneur. »


  1. Constitution du Commonwealth établie en 1653.

  2. « notre Prince, un César pour le courage, un Auguste pour la fortune, et sans égal pour la prouesse et la prudence. »

  3. « magnanimes Argonautes [v. notule {b} de la triade 82, note [41] du Borboniana 11 manuscrit] ».

  4. « il mérite d’être appelé Empereur de l’Océan ».


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 juin 1654, note 3.

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(Consulté le 25/04/2024)

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