À Charles Spon, le 28 septembre 1655

Note [23]

Historicæ hodiernæ medicinæ rationalis veritatis λογοσ προτρεπτικοσ. Ad rationales medicos.

[Discours visant à affirmer la vérité historique de la médecine rationnelle {a} d’aujourd’hui. À l’intention des médecins rationnels]. {b}


  1. Dogmatique : v. note [2], lettre 70.

  2. Sans lieu ni nom ni date, in‑4o de 199 pages : ouvrage anonyme et sans dédicace dont il n’existe plus que deux ou trois exemplaires, dont l’auteur est Charles i Bouvard (v. note [15], lettre 17), premier médecin de Louis xiii.

Le livre commence par un bref Argumentum [Argument], dont la lecture laisse perplexe :

Causæ Medicinæ Rationalis despectæ, sanitatis et vitæ hominum destructæ, ab Hippocrate ascriptæ ignorantiæ falsorum Medicorum, et iudicum politicorum, per causas et per effectus hic examinantur, iisque remedia a Lud. xiii. Rege Iusto propria assignantur, per diploma Regium Medicæ iurisdictionis ordini medicorum rationalium concessum, et ad Senatum supremum delatum, ut authoritate sua, postquam a facultate recognitum et retextum fuerit, proclametur, et læsæ hominum sanitatis et vitæ Regum, Principum, Summorum virorum et hominum omnium securitati, ipsiusque Medicinæ rationalis calamitatibus medela sua propria adhibeatur.

[Sont ici examinées, par leurs causes et leurs effets, les raisons pour lesquelles on méprise la médecine rationnelle, on démolit la santé et la vie des hommes, faux médecins et juges d’État ignorent Hippocrate. Par un édit royal de ressort médical qu’il a accordé à la Compagnie des médecins rationnels, et que le Parlement a enregistré, le roi Louis xiii le Juste prescrit les remèdes propres à tout cela : par son autorité souveraine, après que la Faculté l’aura confirmé et publié, {a} il proclame que son traitement soit appliqué pour protéger les hommes contre la mauvaise santé et garantir la vie des rois, des princes, des grands et de tous les hommes, et aussi pour empêcher la ruine de la médecine rationnelle].


  1. Le seul « édit royal » de cette nature que je connaisse, sous le règne de Louis xiii, consiste dans les deux arrêts du Conseil privé, datés des 1er et 16 décembre 1633, détaillés dans la susdite note [15] : elle relate la grave querelle qui opposa Bouvard à la Faculté de médecine de Paris ; elle se termina, après maintes péripéties, par une mercuriale du roi adressée le 27 mars 1634 aux doyen et docteurs régents de la très salubre Compagnie, qui durent s’incliner.

    Cet anachronisme flagrant me surprend car le Discours de Bouvard, s’il n’a guère circulé, a bel et bien été imprimé en 1655, comme en attestent six lettres ultérieures de Guy Patin. Pour résoudre le paradoxe, j’en viens à penser que Bouvard a rédigé son Argumentum quelque vingt ans avant d’achever son Discours, et qu’il a omis ou n’a pas jugé bon de le mettre à jour. Quoi qu’il en soit, hormis ses thèses, c’est le seul ouvrage qu’on puisse sûrement lui attribuer.


Dans cette apologie dogmatique, Bouvard use de toute son autorité passée pour combattre les Arabes, les empiriques et les charlatans, et recommander la médecine rationnelle des anciens Grecs. Il étrille tour à tour les chirurgiens, les apothicaires, les sages-femmes (v. infra note [24]) et les médecins de la cour, qui confie ses charges à des ignorants, et exprime aussi le vœu illusoire de réunir le Jardin du roi à la Faculté.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 28 septembre 1655, note 23.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0417&cln=23

(Consulté le 23/04/2024)

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