À Charles Spon, le 19 octobre 1655

Note [40]

Titre exact d’un ouvrage de John Wilkins (Fawsley, comté de Northampton 1614-Londres 1672) traduit de l’anglais par Jean de La Montagne, {a} avec cette citation en sous-titre :

« Mais de quoi, diras-tu, me peut-il servir de savoir cela ? Si ce n’est pour autre chose, au moins j’apprendrai qu’il n’y a rien en ce Monde qui ne soit de peu de valeur (Sénèque le Jeune en sa préface au premier livre de ses Questions naturelles). » {b}


  1. Rouen, Jacques Cailloüé, 1655, in‑8o de 269 pages. La seconde partie (284 pages) a été publiée ibid. et id. 1656. Les première et dernière (quatorzième) propositions du premier livre résument son propos :

    • « Que la nouveauté de cette opinion, à savoir qu’il y a un monde dans la Lune, n’est pas suffisante raison pourquoi on la doive rejeter : parce que d’autres vérités certaines ont été autrefois estimées ridicules, et que ces grandes absurdités, au contraire, ont été reçues par un consentement général » ;

    • « Qu’il n’est pas impossible que quelqu’un de la postérité puisse découvrir un moyen pour nous transporter en ce monde de la Lune ; et s’il y a des habitants, d’avoir commerce avec eux. »

    La préface du traducteur, Au lecteur dit que l’objectif est de réconcilier les découvertes de l’astronomie et de la géographie avec la bonne foi chrétienne et les dogmes évangéliques car « il se trouve encore des personnes si superstitieusement scrupuleuses que d’appréhender toujours qu’il n’y ait en ces opinions de la pluralité de Monde et du mouvement de la terre quelque chose qui choque la Religion ou l’Écriture, sous ombre que quelques-uns autrefois semblent les avoir rejetées. »

    La première édition anglaise avait paru en deux volumes :

    • The first Book. The Discovery of a new World. Or, a Discourse tending to prove that ’tis probable there may be another habitable World in the Moone. With a Discourse concerning the possibility of a Passage thither [Le premier Livre. La Découverte d’un nouveau Monde. Ou un Discours tendant à prouver la probabilité qu’il puisse exister un autre Monde habitable sur la Lune. Avec un Discours sur la possibilité d’un passage pour s’y rendre] (Londres, John Norton pour John Maynard, 1640, in‑8o de 246 pages) ;

    • A Discourse concerning a new Planet. Tending to prove, That ’tis probable our Earth in one of the Planets. The second Booke, now first published [Un Discours sur a nouvelle Planète. Tendant à prouver la probabilité que notre Terre soit une des Planètes. Second Livre ici publié pour la première fois] (Ibid. R .H. pour id., 1640, in‑8o de 246 pages).

  2. Dans sa préface, Sénèque médite notamment sur l’existence de Dieu, mais il s’agit d’une très libre contorsion de sa pénultième phrase :

    Quid tibi, inquis, ista proderunt ? Si nihil aliud, hoc certe sciam, omnia angusta esse, mensus Deum.

    [À quoi donc, diras-tu, peut bien me servir tout cela ? Au moins à savoir pour certain que tout est sans importance quand j’ai mesuré Dieu].

    Le titre du First Book (Londres, 1640) est assorti de la même citation en latin, mais sans les deux derniers mots (mensus Deum).


Wilkins avait pris ses grades en théologie puis embrassé l’état ecclésiastique. Il s’était déclaré pour le Parlement à l’époque des guerres civiles, avait été reçu président du Wadham College d’Oxford (1648). Ayant épousé une sœur de Cromwell en 1656, il fut nommé principal du Trinity College de Cambridge en 1659. À la Restauration (1660), il perdit ses dignités, mais la protection du duc de Buckingham (v. note [2], lettre 993) lui permit d’obtenir une cure à Londres et il fut élevé en 1668 à l’évêché de Chester. Wilkins fut l’un des fondateurs de la Royal Society de Londres. On a de lui un assez grand nombre de sermons et d’ouvrages philosophiques, astronomiques et mathématiques (G.D.U. xixe s.).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 19 octobre 1655, note 40.

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(Consulté le 19/04/2024)

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