À Charles Spon, le 3 octobre 1656

Note [15]

Alphonse d’Elbène (diocèse de Sens vers 1600-Paris 20 mai 1665) avait été nommé évêque d’Orléans en 1646. En 1651, aux côtés de son frère cadet, Barthélemy, évêque d’Agen (v. note [25], lettre 338), Alphonse avait affirmé ses sympathies jansénistes. À la fin de l’été 1656, il avait frappé d’interdit un prédicateur jésuite, le P. Jean Crasset, mais fut forcé de le rétablir dans ses fonctions en février 1657.

Guy Patin avait dû lire les deux libelles du moment sur cette querelle : Mandement de Mgr Alphonse d’Elbène, évêque d’Orléans, contre le P. Crasset, jésuite (sans lieu, ni nom, ni date, in‑4o de 3 pages) ; Sommaire du discours prêché à Orléans par le P. Crasset… le 8 septembre 1656, avec quelques remarques sur le mandement de l’évêque d’Orléans, Mgr Alphonse d’Elbène qui l’a suivi (sans lieu, ni nom, ni date, in‑4o de 3 pages). En 1661, d’Elbène publia un autre mandement, mais cette fois pour la signature du Formulaire (v. note [9], lettre 733) qui bâillonnait Port-Royal (Dictionnaire de Port-Royal, page 385).

Blaise Pascal en a parlé dans sa 15e Provinciale à propos des faussetés et calomnies proférées par les jésuites :

« C’est par ce même principe que votre P. Crasset a tant prêché d’impostures dans Orléans qu’il a fallu que M. l’évêque d’Orléans l’ait interdit, comme un imposteur public, par son mandement du 9 septembre dernier, où il déclare qu’il défend à frère Jean Crasset, prêtre de la Compagnie de Jésus, de prêcher dans tout son diocèse, et à tout son peuple de l’ouïr, sous peine de se rendre coupable d’une désobéissance mortelle, sur ce qu’il a appris que ledit Crasset avait fait un discours en chaire, rempli de fausseté et de calomnie contre les ecclésiastiques de cette ville, leur imposant faussement et malicieusement qu’ils soutenaient ces propositions hérétiques et impies, et que Jésus-Christ n’est pas mort pour tous les hommes, et autres semblables, condamnées par Innocent x. Car c’est là, mes pères, votre imposture ordinaire, et la première que vous reprochez à tous ceux qu’il vous est important de décrier. Et quoiqu’il vous soit impossible de le prouver de qui que ce soit, qu’à votre P. Crasset, de ces ecclésiastiques d’Orléans, votre conscience, néanmoins, demeure en repos ; parce que vous croyez que cette manière de calomnier ceux qui vous attaquent, est si certainement permise que vous ne craignez point de le déclarer publiquement et à la vue de toute une ville. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 octobre 1656, note 15.

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(Consulté le 29/03/2024)

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