À Charles Spon, le 8 mai 1657

Note [20]

Gazette, ordinaire no 60 du 19 mai 1657 (pages 476‑477) :

« D’Amsterdam, le 10 mai 1657. Le président de Thou, ambassadeur de France, {a} continue ses soins pour le rétablissement d’une parfaite intelligence entre nos deux nations ; mais la plupart de ceux qui sont dans le gouvernement s’aigrissent si fort d’eux-mêmes, quelque nécessité qu’aient ces Provinces de donner entière satisfaction à Sa Majesté très-chrétienne si elles veulent continuer leur navigation, que l’on ne sait encore qu’en espérer. La réponse qui fut délivrée à cet ambassadeur le 7e de ce mois par huit députés des États généraux, ensuite d’une grande assemblée qu’ils avaient tenue le jour précédent, au lieu de la restitution des deux vaisseaux pris par le vice-amiral Ruyter {b} et de la punition que mérite son procédé, condamné par toutes les personnes désintéressées, contenant en substance qu’avant toutes choses on doit faire raison sur les dommages soufferts par les sujets desdits États depuis l’année 1640, outre la restitution qu’ils demandent de grand nombre de vaisseaux et l’exécution de diverses sentences rendues à leur profit, avec main-levée des marchandises et autres effets depuis peu arrêtés en France. Après quoi lesdits États s’offrent de rendre les deux vaisseaux dont est question, même de faire un traité de marine et renouveler les anciennes alliances. Cette réponse ayant été suivie des défenses qui se doivent publier par toutes les provinces, comme elles l’ont déjà été en celle de Hollande, d’y apporter aucunes marchandises ou manufactures de France. De sorte que les affaires semblent être ici disposées à une rupture, mais à laquelle les plus sensés auront beaucoup de peine à se résoudre, vu que les Provinces seules, qui n’ont presque point d’autre subsistance que le commerce, en recevraient les principales incommodités ; outre qu’elles auraient peine à se garantir du reproche que leur pourraient faire les autres nations de s’être volontairement mises mal avec la France qui, dans leurs plus grandes nécessités, les a toujours si utilement secourues. »


  1. V. note [36], lettre 294.

  2. V. note [1], lettre 876.

Ordinaire no 63 du 26 mai 1657 (pages 499‑500) :

« D’Amsterdam, le 17 mai 1657. On continue d’équiper ici grand nombre de vaisseaux, les uns pour renforcer l’escadre du vice-amiral Ruyter, et quelques autres pour croiser sur les côtes de France ; en attendant que ceux qui nous gouvernent aient fait prendre aux affaires un train plus favorable à notre navigation et moins désavantageux à ces Provinces, dont quelques-unes commencent déjà à se lasser bien fort de tous ces désordres, lesquels ne peuvent causer que de très grands dommages ; ce qui leur fait souhaiter un prompt accommodement, que l’ambassadeur d’Espagne [don Estévan de Gamarre] tâche par tous les moyens de traverser par les offres qu’il fait, au nom du roi son maître, tantôt de quelques troupes entretenues, tantôt de sommes immenses, et enfin de mettre les États généraux en possession de quelques places importantes, pour assurance du traité. Mais comme l’on est ici que trop bien instruit de la façon d’agir des Espagnols, aucune de ces Provinces ne paraît pas même tant soit peu touchée des offres de cet ambassadeur, qui partit de La Haye le 11e de ce mois pour aller à Bruxelles où il avait été mandé par Dom Juan d’Autriche. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 8 mai 1657, note 20.

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(Consulté le 24/04/2024)

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