À André Falconet, le 15 août 1659

Note [7]

« et qui forcent ces compagnons à ne plus parler ».

Le clergé parisien continuait ses attaques contre les jésuites {a} avec la parution, en juin 1659, de deux nouveaux libelles (sans lieu ni nom) :

Ils répondaient à l’opuscule du jésuite François Annat {b} intitulé Recueil de plusieurs faussetés et impostures contenues dans l’imprimé qui a pour titre Septième écrit des curés, ou Journal de ce qui s’est passé… (1659, Florentin Lambert, 1659, in‑4o), qui avait lui-même répliqué au Septième écrit des curés de Paris, ou Journal de tout ce qui s’est passé tant à Paris que dans les provinces sur le sujet de la morale et de l’Apologie des casuistes… paru en février 1659 (sans lieu, ni nom).


  1. V. note [18], lettre 546, pour l’Apologie des casuistes du P. Pirot, jésuite, qui avait allumé la polémique.

    Dans le sillage des Provinciales, une partie des curés et évêques de France s’étaient élevés contre la morale des casuistes jésuites. La Préface historique et critique (article ii, § ii, pages xiiixli) du tome trentième des Œuvres de Messire Antoine Arnauld… (Paris, 1779) détaille les méandres de cette prolifique querelle, avec cette introduction qui (comme Guy Patin) ne faisait pas mystère du parti auquel adhérait son auteur :

    « Quelque grand que fût déjà, vers le milieu du dernier siècle, le crédit des jésuites, et quelque répandue que fût leur morale, dans presque toute l’Église catholique, la France, par une protection particulière de Dieu, avait été garantie de cette contagion, plus peut-être qu’aucune autre portion de l’Église. Peu de gens y étaient prévenus et infectés des sentiments des jésuite sur la grâce […], et peut-être encore moins adoptaient leur théologie morale. La plus grande partie des ecclésiastiques, des religieux, et principalement des curés qui avaient quelque lumière, ne se conduisaient point par les décisions des casuistes : leurs écoles de théologie étaient souvent désertes et leurs auteurs, peu connus ou peu lus. De là cette horreur universelle qu’on y conçut pour les opinions monstrueuses de leurs casuistes, dès quelles furent manifestées par les Lettres provinciales. Toute la difficulté consistait à s’assurer qu’elles fussent fidèlement rapportées ; beaucoup de gens ne pouvant se persuader que des maximes si révoltantes pussent même venir dans l’esprit de religieux et de théologiens catholiques. »

    Aux purs motifs moraux s’ajoutaient les enjeux théologiques et politiques du jansénisme et du gallicanisme.

  2. V. note [15], lettre 295, pour François Annat.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 15 août 1659, note 7.

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(Consulté le 25/04/2024)

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