À André Falconet, le 5 décembre 1659

Note [12]

Mal remis du mauvais coup que lui avait joué Nicolas Fouquet pour la surintendance des finances en février 1659 (v. note [1], lettre 556), Jean-Baptiste Colbert, avec la complicité de Barthélemy Hervart et de Denis Talon, avocat général du Parlement de Paris, avait envoyé le 2 octobre à Mazarin un mémoire dénonçant les malversations et la mauvaise politique financière du surintendant. Ils n’y suggéraient rien moins que de le disgracier et créer une chambre extraordinaire pour le juger.

Fin septembre, alors qu’il était en chemin pour Bordeaux, où le cardinal l’avait appelé, Fouquet lut et copia le courrier qui l’accablait, grâce à ses accointances avec la poste, dont il avait le contrôle. De Bordeaux, Mazarin fit venir Fouquet à Saint-Jean-de-Luz. Lors de leur entrevue du 16 octobre, le surintendant sut désamorcer la bombe. Convaincu qu’il ne pouvait se passer de ses services, le ministre le confirma une fois encore dans ses fonctions, accabla Hervart et pria Colbert de nouer un pacte de solide amitié avec Fouquet (Petitfils c, pages 246‑250).

Le surintendant, après un passage à Toulouse pour tirer de l’argent des états de Languedoc, fut de retour à Paris dans les premiers jours de janvier 1660. Ce n’étaient là que les prémices maladroites du coup fatal qui allait aboutir à l’arrestation de Fouquet en septembre 1661, après la mort de Mazarin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 5 décembre 1659, note 12.

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(Consulté le 19/04/2024)

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