À André Falconet, le 23 janvier 1660

Note [13]

Le sort qu’il convenait de réserver au prince de Condé avait été l’une des grandes difficultés des négociations menant au traité des Pyrénées (conclu le 7 novembre 1659) : d’un côté, Louis xiv et sa mère, Anne d’Autriche, refusaient de lui pardonner sa trahison, c’est-à-dire sa rébellion de près de sept années (1652-1659) contre la France (ou plus exactement contre Mazarin, comme le répétait à l’envi M. le Prince), en s’alliant avec les Espagnols ; de l’autre côté, Philippe iv et don Luis de Haro, son principal ministre, se montraient inflexibles, voulant prouver que l’Espagne n’abandonnait pas ceux qui lui faisaient confiance. Après de longues tractations, Condé se désista de ses prétentions et s’en remit à l’indulgence de Louis xiv : il avait quitté Bruxelles le 29 décembre 1659 (v. note [11], lettre 588) et se jeta aux pieds de son roi à Aix le 27 janvier suivant, avant de recevoir des lettres d’abolition en sa faveur et celle de ses compagnons. Les morts successives de Gaston d’Orléans (2 février 1660) puis de Mazarin (8 mars 1661) aidèrent à mettre un terme définitif à la grande brouille de Condé avec la Couronne de France (R. et S. Pillorget ; J.‑F. Solnon, Dictionnaire du Grand Siècle).

Les articles 79 à 88 du traité des Pyrénées fixaient les conditions exactes du pardon que Louis xiv accordait à M. le Prince : charges et places que lui et sa famille devaient rendre, et pouvaient conserver. Le deuxième des trois articles secrets du traité concerne le prince de Condé et le duc de Lorraine :

« au cas que M. le duc Charles de Lorraine ou M. le prince de Condé ou les deux joints ensemble, n’acceptent pas, en ce qui les regarde, ce qui a été ajusté par le présent traité pour leurs intérêts et demeurent les armes à la main contre la France, ou après les avoir posées, les reprennent à l’avenir sous quelque prétexte que ce puisse être, Sa Majesté catholique {a} promet et s’oblige en foi et parole de roi de ne donner ni audit seigneur duc Charles, ni audit seigneur prince de Condé en particulier, ou à tous les deux joints ensemble, aucune aide ni assistance directement ni indirectement, d’hommes d’armes, ni de vivres, ni d’argent, ni levée de gens de guerre dans ses États ni aucune retraite ou passage dans sesdits États à leurs troupes, ni en aucune autre manière que ce soit qui puisse préjudicier à Sadite Majesté très-chrétienne. » {b}


  1. Philippe iv.

  2. Louis xiv. Le retour de Condé au Parlement n’est nulle part mentionné dans le traité.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 23 janvier 1660, note 13.

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(Consulté le 29/03/2024)

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