À André Falconet, le 3 septembre 1660

Note [1]

À tous les évêques, prêtres et enfants de l’Église, Jean-François-Paul de Gondi, cardinal de Retz, archevêque de Paris (sans lieu, ni nom, ni date [24 avril 1660], in‑4o de 47 pages). Le même Retz avait aussi publié une Lettre au roi, datée du 30 avril 1660, et une Lettre… écrite à Messieurs les doyens, chanoine et chapitre de l’église de Paris.

Bertière b (pages 453‑454) :

« La publication de ce brûlot {a} était une arme à double tranchant. Elle pouvait faire échouer l’accommodement pour lequel des amis ne cessaient de s’entremettre. Turenne, au comble de la gloire et de la faveur, avait promis de plaider pour lui {b} auprès d’un Mazarin rendu plus malléable, espérait-on, par la maladie. Il valait mieux attendre. Bien que le document, imprimé en deux versions, française et latine, fût prêt à partir pour les évêchés d’Italie, d’Allemagne, d’Espagne et de Pologne, Retz, prudemment, en suspendit l’envoi : “ Il aimait mieux demeurer encore dix ans dans le même état que de ne rien faire qui pût aigrir davantage la cour et le cardinal Mazarin contre lui ”. {c} Félix Vialart, {d} cependant, lui fit dire que toutes les interventions avaient été vaines : la cour exigeait sa démission. {e} Il n’avait donc plus rien à perdre. La grande lettre fut expédiée, ainsi que les deux autres, dans le courant du mois d’août. {f} Il en adressa au pape un exemplaire accompagné d’une brève missive latine. À Paris, elle fut distribuée le 28 août, pendant le Te Deum où l’on célébrait le retour du roi, qui venait d’épouser l’infante. On la déposa “ en plusieurs communautés et plusieurs illustres maisons, entre autres chez le cardinal Mazarin, M. le Chancelier et les quatre secrétaires d’État, chez Turenne et M. de Lorraine ”. {g} Le texte, difficile, hérissé de citations, visait des lecteurs avertis. Peu d’exemplaires circulèrent. […] La cour […] songea à les faire brûler par la main du bourreau. Mais le lieutenant civil, consulté, estima inutile de leur offrir cette publicité supplémentaire, jugeant “ qu’elles n’étaient pas encore venues à la connaissance du peuple, que cette exécution ferait ouvrir les oreilles, qu’elle exciterait la curiosité et que cela pouvait produire un mauvais effet ”. {h} On résolut de faire rechercher l’imprimeur pour le pendre. Bien inutilement : il était hollandais. Mais on dissuada ainsi ses confrères parisiens d’en tirer des contrefaçons. »


  1. À tous les évêques…
  2. Le toujours ambitieux cardinal de Retz, archevêque de Paris.

  3. Guy Joly, Mémoires.

  4. Évêque de Châlons.

  5. De l’archevêché de Paris.

  6. 1660.

  7. Godefroi Hermant, Mémoires sur l’histoire ecclésiastique du xviie s.
  8. Lettre à Retz adressée par un de ses amis.

Tout cela marquait le dernier et vain effort de Gondi pour se conserver l’archevêché de Paris, quand tout laissait croire à la mort prochaine de Mazarin. C’était sans compter sur la décision qu’allait prendre le roi : tenir en personne les rênes du gouvernement dès le 9 mars 1661, jour même de la mort de son premier ministre. Louis xiv ne céda rien à Retz et obtint sa démission le 26 février 1662, pour nommer Mgr de Marca éphémère archevêque de Paris le 4 mars suivant.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 3 septembre 1660, note 1.

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(Consulté le 29/03/2024)

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