À André Falconet, le 5 octobre 1660

Note [7]

« Ô qu’il y a de vanité dans les affaires ! » (Perse, Satire i, vers 1).

Le tome xiv des Comment. F.M.P. contient plusieurs pièces de la procédure engagée entre les médecins et les chirurgiens de Paris, dont cet exploit d’huissier que le doyen Blondel a transcrit et intitulé Altera Curiæ viatoris renuntiatio contra chirugicos refractorios [Autre rapport de la Cour des vacations contre les chirurgiens réfractaires] (pages 538‑539) :

« L’an 1660, le 22e de septembre, suivant le réquisitoire à moi fait par Me François Blondel, doyen de la Faculté de médecine, de me vouloir transporter en la maison de communauté des chirurgiens barbiers de cette ville de Paris où l’on procédait au premier examen de Simon Brochard, aspirant à la chirurgie, dans la salle de la maison où était le premier barbier {a} et qu’à cet effet, j’eusse à m’y transporter pour signifier l’arrêt de Nosseigneurs de Parlement du 6e de février pour, en vertu d’icelui, que j’eusse à lui faire commandement d’obéir incessamment audit arrêt. Ce que je lui ai accordé et environ les quatre heures de relevée, je, huissier en ladite Cour souveraine, me suis transporté proche l’église de Saint-Côme en la maison de communauté des chirurgiens barbiers […], où étant, m’aurait d’abondance requis ledit Blondel de vouloir dresser procès-verbal de l’inexécution et désobéissance faite au susdit arrêt par la communauté desdits chirurgiens barbiers, en ce qu’ils n’ont ôté l’inscription Collegium Doctorum Chirurgicorum {b} ni même la chaire qui est dans la salle d’en haut. Et de fait, après avoir vu ladite inscription au frontispice de ladite maison de Collegium Chirurgicorum, […] étant entré en ladite maison et jusqu’en ladite salle, j’ai trouvé à la porte Simon Brochard, aspirant, auquel j’ai ci-devant signifié l’arrêt de ladite Cour avec défense à lui de se présenter à l’examen vêtu de robe et de bonnet sur peine de désobéissance audit arrêt, et parlant à sa personne à la porte de ladite salle où il venait d’être examiné. J’ai vu ledit Brochard revêtu de robe et de bonnet et après lui avoir fait défense mentionnée audit arrêt, ledit Brochard m’aurait dit que la désobéissance ne provenait point de sa part, mais bien du côté de la communauté des barbiers qui lui avait prescrit de se présenter revêtu de cet habit, et que l’affaire était terminée et ne s’agissait plus que d’être admis à son premier examen ; que pour cet effet, la communauté était assemblée dans la chambre des délibérations. Et pour entrer dans ladite chambre, il a fallu passer en la salle de l’examen, en laquelle est une chaire haute dont a été fait mention dans un autre précédent procès-verbal. Et étant entré dans ladite chambre des délibérations, j’ai trouvé ladite communauté au nombre de plus de cinquante ; auxquels et parlant au premier barbier, < à > Ménard, {c} < à > Gigot et < à > tous les autres, je leur ai fait commandement, de par le roi et ladite Cour, de ne point passer outre à l’admission dudit Brochard, réfractaire au susdit arrêt de la Cour ; et à eux-mêmes, à haute et intelligible voix, leur a été fait par moi itérative défense de prendre les suffrages pour admettre ledit Brochard comme étant rebelle au susdit arrêt qui leur faisait très expresse défense de procéder {d} ni admettre aucun aspirant revêtu de robe et de bonnet, ce qui serait contre l’intention et volonté de ladite Cour. À quoi ladite communauté m’a voulu obvier, {e} au moyen de quoi je leur ai protesté que j’en dresserais procès-verbal, et ce d’autant que ledit Bernouyn, premier barbier, était présent et assisté de M. de La Marche, procureur en ladite Cour, leur procureur et greffier. Je lui ai signifié le susdit arrêt du 7e de février dernier, lui ai d’abondance fait défense de contrevenir à icelui et parlant à sa personne, aurait fait réponse que la signification dudit arrêt ne lui pourra nuire ni préjudicier aux instances qu’il a pendantes, tant au Grand Conseil qu’au Conseil privé du roi ; et aurait signé sa réponse qui est au dos de la signification de l’arrêt dont et de ce que dessus j’ai dressé le présent procès-verbal, et icelui délivré audit Sr Blondel, doyen de ladite Faculté de médecine, pour lui servir de valoir ce que de raison. Fait ledit jour et an que ce dessus, le 22e de septembre l’an 1660.
Le Carlier. »


  1. François Bernouyn, « premier barbier de Sa Majesté, prévôt perpétuel et garde des chartes de barbier chirurgien de France » (ibid. page 534).

  2. « Collège des docteurs chirurgiens », dit de Saint-Côme (v. note [1], lettre 591).

  3. Jean Ménard, chirurgien de Saint-Côme, v. note [12], lettre 782.

  4. Faire des actes.

  5. Résister.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 5 octobre 1660, note 7.

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(Consulté le 25/04/2024)

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