À Hugues II de Salins, le 26 février 1661

Note [9]

Jean Fernel (Pathologie, livre vi, chapitre xii, Les maladies des reins, leurs causes et leurs signes, édition française de Paris, 1655, pages 465‑466) :

« L’ulcère qui se fait aux reins en suite d’un abcès causé de quelque phlegmon, n’arrive que fort rarement. On ne doit pas estimer aussi que celui-là soit guère plus fréquent que l’on dit, qui se fait ou par l’acrimonie de quelque matière corrosive, laquelle passant dans le rein en ait rongé la substance, {a} ou en suite de quelque coup, ou de quelque chute qui ait rompu les veines de ce viscère. {b} Mais il vient souvent et presque toujours de quelque pierre enfermée dans le rein, laquelle, par sa pesanteur, y fait de la confusion, ou le cave {c} et le mange par son froissement. Nous avons vu bien souvent que la chair et substance du rein étant de cette façon toute mangée, il n’y restait que quantité de pierres et du pus enveloppés dans la membrane du rein, comme s’ils eussent été resserrés dans une bourse. Or on connaît que l’ulcère vient de ces causes-là quand l’urine a été souvent mêlée de sang, autant que d’être purulente, et principalement après l’exercice et le travail, et en ce qu’il n’y ait point ou fort peu souvent de fièvre. S’il arrive quelquefois que le pus soit retenu par l’obstruction de l’embouchure de l’uretère, il regorge peu à peu par l’émulgente {d} dans les plus grandes veines, et gâte le sang et l’habitude du corps ; d’où vient que ceux qui ont la pierre, selon que j’ai remarqué, deviennent souvent boursouflés et pâles, comme s’ils étaient atteints de leucophlegmasie ; {e} ou bien, s’en étant fait un grand amas en ce même lieu, il fait enfler les flancs et les lombes, d’où même, ayant fait ouverture en la peau, il sort en abondance et continue longtemps à couler par là. Quelquefois aussi l’on a vu de grosses pierres tantôt sortir d’elles-mêmes avec le pus, tantôt être arrachées de force par cet endroit. Quand ces choses arrivent, la substance du rein est déjà presque toute consommée de pourriture ; et le pus qui en regorge va flottant entre les membranes du péritoine, où il s’en jette quelquefois une si grande quantité que nous avons vu toute une région du ventre et des lombes en devenir enflée, d’où le pus sortait après, tant par les selles que par le vomissement. »


  1. Ce qui pourrait correspondre aux actuels cancer et tuberculose du rein.

  2. Hématome infecté du rein.

  3. Creuse.

  4. La veine rénale.

  5. Anasarque (v. note [19], lettre 307).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 26 février 1661, note 9.

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(Consulté le 19/04/2024)

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