À André Falconet, le 29 juillet 1661

Note [3]

« les empiriques sont fort polypharmaques et prescrivent beaucoup trop, parce que dans toute leur multitude de médicaments ils ignorent quel est le seul à avoir été efficace. » Cela me semble renvoyer au livre i de Galien « sur la Composition des médicaments selon leurs genres » (κατα γενη), chapitre i (Kühn, volume 13, page 366, traduit du grec) :

Cæterum hic liber obiter ostendit et empiricorum medicorum contentionem, qui ad insomnia, fortunam et casum medicamenta composita propre universa referunt, paucissimis quibusdam exceptis, quæ communi omnium hominum ratione, quam epilogismum ipsi vocant, invenisse se dicunt. Quemadmodum uni ejusdem facultatis medicamenta invicem miscuerimus, quæ alia in alio corpore melius aut pejus functionem suam objisse usu ac experimentis didicimus, rationi consonum certe nobis esse videtur, empiricorum aliqui dicunt, non enim omnes, componere plura hujusmodi, ut vel unum ex eis corporis curandi naturæ idoneum inveniatur.

[Ce livre montre du reste, chemin faisant, mon désaccord avec maints médecins empiriques qui, dans le traitement de l’insomnie, attribuent les effets de presque tous les médicaments composés à la bonne ou à la mauvaise fortune, et disent les avoir découverts, à l’exception d’un très petit nombre d’entre eux, qui ressortissent au sens commun de tous les hommes, en se fondant sur ce qu’ils appellent la supputation. {a} Ainsi donc aurions-nous mêlé des médicaments possédant cette seule et même faculté, et appris par l’usage et l’expérience que, d’une manière ou d’une autre, ils exercent leur action favorable ou défavorable, selon qu’il s’agit d’un corps ou d’un autre. {b} Cela nous paraît certes conforme à la raison, mais certains des empiriques, sans que ce soit leur totalité, disent qu’il convient d’associer plusieurs médicaments contre l’insomnie pour trouver si une seul d’entre eux est de nature à en guérir proprement le corps]. {c}


  1. V. note [22], lettre 601, pour un autre passage de Galien sur la polypharmacie et la médecine empirique, dont il faisait deux méthodes distinctes, sur lesquelles il portait des jugements différents.

  2. Le mot qui est dans la source, επιλογισμον, signifie « calcul, réflexion » et, en sens dérivé, « examen, recherche » (Bailly).

  3. Ma traduction est une interprétation du latin assez épouvantable que Kühn a repris de René Chartier ; ce que j’ai peiné à en faire me paraît à peu près compréhensible et conforme à la source grecque.

    La curiosité et le zèle m’ont poussé à aller regarder la version donnée dans les Galeni omnia quæ extant Opera [Toutes les Œuvres existantes de Galien] (4e édition, Venise, 1565, v. note [1], lettre 716), volume 6, page 210 ro, mais elle ne diffère de celle-ci que sur d’infimes détails, qui ne me l’ont guère rendue plus facile à traduire en français.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 29 juillet 1661, note 3.

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(Consulté le 18/04/2024)

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