À André Falconet, le 29 août 1664

Note [4]

« je crains fort que pourtant la grande négociation n’[aboutisse] pas et qu’au moment critique, la corde ne rompe » ; Térence (Phormion, ii, 2, vers 323‑324) :

O vir fortis atque amicus. Verum hoc sæpe, Phormio,
vereor, ne istæc fortitudo in nervum erumpat denique
.

[Ah ! tu es un brave et un ami. Mais je me prends à craindre, Phormion, que pour tant de bravoure, la corde ne rompe à la fin].

Ne in nervum erumpat [De peur que la corde ne rompe] est un adage commenté par Érasme (no 1536) :

Quadrat in temerariam inconideratamque audaciam, quæ plerumque infelix esse solet et in maximum malum aliquando adducere. Donatus interpres a sagittariis sumptam metaphoram existimat, qui dum nervum arcualem adducunt immodice, rumpunt nonnumquam, ideque non sine suo periculo.

[Cela se rapporte parfaitement à l’audace téméraire et inconsidérée qui, d’ordinaire, est funeste et conduit quelquefois à la plus grande infortune. Donatus {a} le commentateur pense que la métaphore provient des archers qui, s’ils tendent trop leur corde, la rompent parfois, et ce non sans se mettre en danger].


  1. Ælius Donatus, grammairien du ive s.

On était alors dans les prémices de la deuxième guerre anglo-hollandaise (mars 1665-juillet 1667) : depuis la fin de juin 1664, les Anglais attaquaient la colonie de Nouvelle-Néerlande sur la côte est d’Amérique du Nord (comprise entre la Virginie au sud et la Nouvelle-Angleterre au nord) pour s’en rendre maîtres en octobre.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 29 août 1664, note 4.

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(Consulté le 16/04/2024)

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