À André Falconet, les 13 et 14 octobre 1664

Note [4]

Allusion au début du livre 28e des Mémoires de Sully, commentant l’assassinat de Henri iv (Genève, 1752, tome huitième, pages 1‑4) :

« On ne verra point ici le détail d’un forfait si exécrable : il pénètre mon cœur d’une douleur qui s’y renouvelle à chaque moment et qui s’y conservera jusqu’à mon dernier soupir. Je ne comprends pas même de quelle trempe peuvent l’avoir ceux qui parlent encore aujourd’hui, ou qui entendent parler froidement du plus grand des malheurs qui aient pu arriver à ce royaume. Mais la vive horreur dont ce sentiment est accompagné fait que je détourne les yeux, autant que je le puis, de dessus cet objet déplorable, et que ma bouche refuse de prononcer le nom du monstre abominable qui a causé tous nos maux, lorsqu’intérieurement j’implore la vengeance divine contre lui et contre ceux qui ont armé son bras. Le cri public les désigne, de manière à fixer tous les doutes sur ce détestable complot. Je ne saurais pourtant m’empêcher de me récrier, avec tout le monde, sur une particularité que personne n’a ignorée : c’est qu’après que le parricide eut commis son crime, il fut si peu sévèrement gardé, et même si peu observé dans la maison {a} où on le mit d’abord, que, pendant plus de quatre heures, on laissa à toutes sortes de personnes la liberté de s’approcher de lui et de lui parler, et que certaines gens, qu’il n’est pas besoin de nommer ici, usèrent si imprudemment de cette liberté qu’ils osèrent lui dire, en l’appelant leur ami, qu’il se donnât bien de garde, je rapporte les paroles dont ils se servirent, d’accuser les gens de bien, les innocents et les bons catholiques, parce que ce serait un crime irrémissible et digne de damnation éternelle. Quelques personnes, vraiment scandalisées de ce qu’elles voyaient, commencèrent à parler si haut contre une pareille négligence qu’on se crut obligé de garder dans la suite le meurtrier avec plus de soin. » {b}


  1. L’hôtel de Retz.

  2. Ce passage a été interprété comme mettant en cause les jésuites, et notamment le P. Pierre Cotton (v. note [9], lettre 128).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, les 13 et 14 octobre 1664, note 4.

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(Consulté le 28/03/2024)

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