À Thomas Bartholin, le 26 septembre 1653

Note [4]

Imprimée en tête des Olai Wormii et ad eum doctorum virorum Epistolæ… [Lettres d’Olaüs Wormius (v. note [6], lettre latine 11) et de savants hommes qui lui ont écrit…] (Copenhague, 1751, page vivii), la Vita Olai Wormii ex programmate academico et oratione funebri Thomæ Bartholini [Vie d’Olaüs Wormius, tirée de l’avis qu’a publié l’Université et de l’oraison funèbre qu’a prononcée Thomas Bartholin], détaille ses unions et sa nombreuse progéniture :

Eodem anno duxit uxorem, Virginem castissimam Dorotheam Finchiam, Viri celeberrimi, Dn. D. Thomæ Finchii, Medicinæ Professoris Regii filiam, nuptiis 26. Nov. celebratis. Ex qua 6. filias suscepit ; quarum una, nomine Ingera nupsit Viro Reverendo Clariss. et humaniss. Dn. M. Joanni Scheldrupio, tum Ecclesiæ, quæ est ad D. Nic. Pastori religiosissimo, nunc vero Superattendenti Diœceseos Bergensis Vigilantissimo : altera nomine Sostrata in matrimonium locata Viro Clariss. et Excellentiss. Dn. M. Erico Olai Tormio, Præposito et Pastori Templi Mariani meritissimo : reliquæ 4. plusculis abhinc annis occubuerunt. Qua priore uxore fato defuncta 21. Nov. 1628. animum elapso biennio ad secunda vota appulit, exambiens Dn. D. Matthiæ Jani, Episcopi Lundensis vigilantissimi filiam, Virginem lectiss. et pudiciss. Susannam : In hoc conjugio factus est spacio 7. annorum parens trium filiorum, quorum unus in vivis esse desiit, duo vero superstites, indole, ingenio, virtute, et eruditione perquam conspicui, Dn. M. Vilhelmus Wormius, et Dn. Matthias Wormius, in spem singularem nos omnes erigunt, et Patris desiderium in animis omnium leniunt. Anno 1637. 26. August. hanc suam suavissimam conjugem Susannam pestifera lue correptam amisit Roschildiæ, postquam prius esset abortum passa. Altero ab hujus obitu anno, de ampla familiæ cura et honesta tenellorum liberorum educatione sollicitus, e re sua futurum existimavit, tertiam sibi deligere uxorem, quam longe optimam, moribus sanctissimis et inocentissimis præditam sibi adjunxit, Viri spectatiss. et honoratiss. Petri Motzfeldii, Civis hujus urbis et Oenopolæ laudatissimi filiam, Magdalenam Motzfeldiam, quæ tam vivido ac venerando Seni septem liberos est enixa, 4. filios et 3. filias : quorum duo filii, Petrus et Thomas Wormius jamdudum obierunt ; reliqui 5. Petrus et Johannes Wormius ; Dorothea, Maria et Susanna Wormia gemellæ superstites ab optima et religiosissima Matre sanctissime educantur, non ex hodierna temporum licentia, sed ex ævi prioris gravitate et sapientia. Hoc itaque conjugium uti bonis cœptum erat 21. April. 1639. auspiciis, ita felicissime cessit utrique, et vota quoque piorum superavit. Nam cum ipsa ad omne obsequium esset parata, et optata fœcunditate domum bearet et ampliaret, aliter fieri non potuit, quam ut concordissime viverent, et una in duobus corporibus anima resideret, ut amore et observantia mutua certarent.

[La même année {a} il épousa Dorothea Finck, {b} très vertueuse demoiselle qui était fille du très célèbre Me Thomas Finck, {c} professeur royal de médecine ; le mariage fut célébré le 26 novembre. Il engendra six filles : une d’elles, prénommée Ingera, se maria au très brillant et très cultivé révérend Joannes Scheldrupius, qui était alors le très pieux pasteur de l’Église Saint-Nicolas, devenu depuis surintendant très attentionné du diocèse de Bergen ; {d} une autre, prénommée Sostrata fut mariée au très distingué et excellentissime M. Ericus Olaüs Tormius, très méritant prévôt et pasteur du Temple de Marie ; les quatre autres périrent il y a peu d’années. Sa première épouse étant morte le 21 novembre 1628, Wormius songea deux ans plus tard à en prendre une seconde, demandant la main de la très distinguée et très vertueuse demoiselle Susanna, fille de Me Matthias Janus, très diligent évêque de Lund. {e} En l’espace de sept années, cette union lui donna trois fils ; l’un deux mourut, mais les deux autres ont survécu, tout à fait remarquables par leur bon naturel, leur intelligence, leur vertu et leur instruction : MM. Willem et Matthias Wormius {f} nous font tous grandement espérer et adoucissent le regret que leur défunt père a laissé dans nos mémoires. Le 26 août 1367, à Roskilde, {g} il perdit sa très tendre épouse Susanna, atteinte de la peste après qu’elle eut été victime d’un avortement. Deux ans après ce décès, préoccupé par la lourde charge de sa famille et par l’honorable éducation de ses enfants chéris, Wormius songea à se tirer d’affaire en se choisissant une troisième épouse ; il se remaria avec Magdalena Motzfeld, excellente fille du très honoré et très estimé Petrus Motzfeld, citoyen de cette ville et marchand de vin fort respecté. Notre vigoureux et vénérable vieillard lui donna sept enfants, quatre fils et trois filles. Deux des fils, Petrus et Thomas ont depuis longtemps perdu la vie. Les cinq autres, Petrus, Johannes, Dorothée et les jumelles, Maria et Susanna, ont survécu ; leur scrupuleuse mère les élève fort saintement, non pas avec la liberté d’aujourd’hui, mais avec le sérieux et la sagesse de l’ancien temps. Ainsi, cette union, qui avait débuté sous de bons auspices le 21 avril 1639, s’est prolongée fort heureusement jusqu’ici {h} pour les deux époux, et a aussi comblé les vœux des parents. Cette femme rendait la maison heureuse et l’agrandissait, car elle se consacrait entièrement à son foyer et avait toute la fécondité désirée ; il ne put se faire autrement qu’ils vécussent en parfaite entente et unissent leurs deux corps en une seule âme pour affronter les difficultés, dans l’amour et le respect mutuels]. {i}


  1. 1615.

  2. Sauf méprise de Guy Patin sur le prénom (v. infra notule {f}), Olaüs Wormius était donc l’oncle par alliance (et non le cousin, consobrinus) de Thomas Bartholin : la femme d’Olaüs, Dorothea, était la sœur d’Anna Catharina Finck, épouse de Caspar i Bartholin et mère de Thomas.

  3. Grand-père maternel de Thomas Bartholin, Thomas Finck (Flensbourg, Schleswig 1561-Copenhague 1656) avait reçu le bonnet de docteur en médecine à Bâle en 1587.

  4. Ville du sud-ouest de la Norvège, qui faisait alors partie du royaume de Danemark.

  5. Ville de Scanie, à l’extrême sud de la Suède.

  6. Ces deux fils d’Olaüs Wormius, Willem et Matthias (v. infra), étaient ceux que Guy Patin qualifiait de cousins de Thomas Bartholin (sans qu’ils le fussent par le sang) ; il a plus tard parlé d’eux, en redonnant par erreur à Matthias le prénom d’Olaüs (v. notes [6], lettre latine 221, [6], lettre latine 302, et [4], lettre latine 395).

  7. Ville du Danemark, sur l’île de Seeland, située au fond du fjord de Roskilde, une trentaine de kilomètres à l’ouest de Copenhague.

  8. Mort d’Olaüs Wormius le 30 août 1654.

  9. En tout, Olaüs Wormius a donc eu trois épouses et seize enfants (neuf filles et sept garçons), dont neuf (cinq filles et quatre garçons) ont survécu à leur père.

Willem Wormius (Copenhague 1633-1704) était le fils aîné d’Olaüs, né de son second mariage avec Susanna Janus (en 1630, v. supra). Reçu docteur en médecine de l’Université de Padoue en 1657, il exerçait à Copenhague (Éloy).

Moréri a donné une courte biographie de Matthias Wormius (né vers 1636), frère puîné de Willem :

« Après un voyage d’environ huit ans, presque par toute l’Europe, où il acquit de grandes connaissances dans les sciences et dans les arts, < il > devint président de la ville de Ripen en Jutland et chanoine de l’Église cathédrale. Ensuite, il fut fait conseiller de justice et de chancellerie, et assesseur du tribunal suprême de la justice. C’était un grand poète et un des plus célèbres dans la langue danoise. Il mourut en 1707, âgé de 71 ans. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Thomas Bartholin, le 26 septembre 1653, note 4.

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(Consulté le 20/04/2024)

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